08/02/2009
L'Autre
Immobile, presque contemplatif
Séduit par le balancement imperceptible du ressac
Dans la solitude d’un océan de bouches ouvertes
J’écoute la vibration terrible d’une histoire
Qui n’est pas la mienne
Qui est aussi le mienne
Petit d’homme toujours sur la brèche du tumulte
J’ai besoin de vos yeux pour me reconnaître
-Pour me voir-
Besoin de vos larmes et de vos joies
De vos chagrins et de vos révoltes
Pour mettre mes pas dans des traces à inventer
Quelle lisière me tient debout
Inaugurer l’invisible regard
Qui sans un mot me dira le chemin
Qui mène jusqu’à moi
Qui mène jusqu’à toi
Les gerçures du sol me sont familières
Autant que le vent dans les branchages de mes pensées
Artefact insaisissable de l’orgueil
En chaque chose il y a de moi
Il y a de toi
Ce passage mal entendu d’une rencontre
Ce merveilleux voyage
Où tu
existes
10:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
04/02/2009
ça hurle
Enfouir mes mots sous la peau des écorces
Eviter la
Contusion des silences dévorants
Qui nourrissent la caresse…
Infiltrer les méandres du désir
Comme on saute dans les flaques d’eau
A pieds joints avec plaisir
Dans un retrait infantile
Soupçonné d’effraction
D’une mémoire créatrice
Pulsion tarie à se révéler au monde
Se conformer à ce qui nous échappe
Cette lueur d’enfant oublié
Qui défigure notre propre préhension
D’un avenir truqué, tronqué
De nos rêves indécents et libres
Aveuglé du regard matriciel
Nous ne voyons plus qu’une réalité
Sur mesure, cousue mains
Dans le dos de nos propres aveux
De différence
Dire ce qu’on est
C’est dire ce que l’on n’a pas pu être
Fantasme d’un discours de papier
Ecrit du refoulement illisible
D’une perception mal affûtée
Ça hurle entre les pierres
18:31 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1)
01/02/2009
à toi Philippe
13:32 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
Contre le temps
A peine le temps du trait passé
J’arrache aux larmes de la terre
Qui laissent le temps sans racine
Ces ombres de vie qui transforment
La colère en révolte définitive
S’accorder l’espace de l’interminable
Pour mesurer le fugitif le périssable
Regarder ses mains
Chargées des entrailles
Du temps
Avec les yeux de la pierre enflammée
Coulée larvée d’une bonté oubliée
Ecartèlement sismique de la chair
Odeur détournée de lavande
Se retrouver sur un chemin inconnu
Qui ne va nulle part
Qui donne aux mots
La consistance de la craie après la pluie
Trace invisible ineffaçable
tracé du mot inutile
Dont la terre fait des poèmes
possession naturelle qui apaise
notre parole manquante et faillible
sans peine sans impertinence
elle nous révèle cet inaudible
perte qui nous constitue
elle nous modèle aussi
dans ses sables inconvenants et fécondants
de l’absence communiante
elle nous pétrit
des bégaiements communicants
qui nous apprennent à désirer
délier les nœuds de la langue
dépoussiérer notre regard vieilli par le temps
ouvrir enfin les failles sensibles
de notre humanité, les reconnaître
assumer notre perte à lâcher l’âme de son cœur
et ne panser que les maux qui ne nous appartiennent pas
au cœur de pierre fendu, vieillir avec peine
un écheveau fragile nous réunit tous
c’est notre force
c’est notre vie
pour quelques mots
08:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
26/01/2009
à ma fille
Juste pour toi ma fille
20:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
24/01/2009
Savoir
Incision de la langue
Je répète inlassablement
La même peur océane
Ancrée des limons de la chair
aux fondations sablonneuses
de mes émotions oubliées
renaissance du vivant
dans mes angoisses les plus archaïques
je m’accroche à la parole
salvatrice et déliée
soigner la peau glabre
de Michaela chaque jour
une pommade sur une peau lisse
sans cicatrice ni douleur
seule parole de notre rencontre
seul geste communicant
comme arracher de l’herbe à sa terre
d’un geste désinvolte et révolté
ouverture matérialisée
d’un silence insuffisant
qui lui en dit plus long
que tous mes discours
quel geste remplace la parole
innocente l’impossible relation
mon incompréhension est totale
et pourtant elle revit
dans cette répétition
qui pourtant ne me lasse pas
ma présence courant sous marin
sans intention insistant
lui révèle mon attention
elle m’apprend d’où je viens
elle ne le sait pas
mais je sais qu’elle me sait
où je ne me connais plus
16:54 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
18/01/2009
Maudire
Signer de mon sang
La vérité qui parle
Se tait et renaît
Des sables enfouis
De ma mémoire
Voyage mimétique
De la langue
Qui décharne les corps
Les ride et parfois les oublie
Paraboles innocentes
De gestes à peine esquissés
Une main sur la nuque
Un baiser d’au revoir qui s’éternise
Et ressemble à un couplet
de chanson populaire
Aux paroles insensées
Sédiment d’une histoire
Qui ne s’écrit pas
Qui se crie
Illumine les pupilles
Fait verser quelques larmes
à assoiffer le rire
C’est ainsi que je me reconnais
Sans le dire
Dans les autres mots
D’un inconnu de passage
Que je ne connais pas
Et qui pourtant
m’est familier
20:48 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)
10/01/2009
Semaille de Bernard PAHIN
Les Voeux de Bernard PAHIN
sont toujours un mystère,
une attente aussi,
un plaisir cousu main
qui rassemble l'invisible et le dispersé
un bel ouvrage
pourrais-je dire
du couturier des signes
du chirurgien de l'indisable
....
je veux ainsi le partager avec vous
17:21 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (6)
08/01/2009
Intrusion
Le réveil fut difficile
Encore chargé du sang
De la terre entre mes doigts déroulés
La pensée des apparitions de Lénine
Sur un piano de Dali
S’imposait à moi
Par je sais quelle effraction que Dante
Ou Ulysse eussent pu se réjouir
Intuitivement d’avoir provoquée…
………………………..
comme par désir de séduction
je maquillai la terre
d’un rimmel provocant et sensuel
vague idée de révolte à cette soumission
d’alluvions en sédiments
je me rapprochai
des premiers mots
du frottement de la roche
l’égratignure du soleil
éveilla en moi un certain plaisir
que j’avais dissimulé avec soin
depuis plusieurs siècles
le tranchant bleu du verre
réveilla ces coupures ancestrales
………………..
Je remontais le Mississipi, grand père
Après une traversée irréaliste promise
Depuis mon enfance
Un large souvenir volatile
Un lendemain de rhum
Et de femme
L’odeur chargée
D’une fin de nuit
Quand les mots
Se mêlent à la pierre
Et la pierre à la chair
Vertige intemporel
D’une osmose capricieuse
Vestige de filiation
Brumeuse et souveraine
Réveil charnel familier
18:06 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
02/01/2009
2009
J’aimerais vous souhaiter
Tous les bonheurs du monde
Mais je n’ai pas ce pouvoir là
D’ailleurs personne ne l’a
Je pourrais même vous le fredonner
Mais ce ne serait que mensonge
Qu’illusion dont vous ne vous berceriez qu’un temps
Désolé
Je préfère vous souhaiter...
Un geste que vous n’aviez jamais fait
Une pensée pour un inconnu
Un mot tombé de ma poche
Un regard complice
Une médisance ravalée
Un désir de faire plaisir
Même de vous faire plaisir
Un moment d’intimité avec un proche
Un moment de disponibilité inutile
Un rire que vous n’osiez pas dispenser
Une larme pour l’injustice
Je vous souhaite d’être vous même
En un peu mieux que l’année passée.
07:49 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
31/12/2008
Ni plus, Ni moins
La pierre se fend
A cœur ouvert
Laissant échapper
Deux mains tendues
Frêles et frémissantes
Rappel des césures
De nos vies impalpables
La force se décline
En émotions sans larme
Mes mots sont les tiens
Et je n’appartiens qu’à la terre
Mes plus beaux voyages
Sont ceux de mes pensées
Frôlant ton regard égaré
Où je me reconnais
Je me suis perdu à vouloir
Vivre sans toi
Les pieds déracinés
De mes origines incertaines
J’ai réinventé une histoire
Où mon père reste absent
Où ma terre est nourricière
Une histoire où sédimentent
Mes souvenirs en strates
Irrégulières et rassurantes
Une histoire où le silence
Accompagne mes cris d’enfant
D’homme devenu aphone
Je ne suis que les mots de la terre
Imparfaite érosion
D’une articulation naissante
Dans les braises profondes
De vos mains ouvertes
Inutile incantation
Qui me rend humain
Le temps de le dire
Ni plus
ni moins
09:01 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (1)
26/12/2008
Réveil de veille
17:22 Publié dans Blog | Tags : peinture, texte, indécent, amitié | Lien permanent | Commentaires (1)
21/12/2008
le Cri du Réel
Le cri du réel
Est assourdissant
Dans les traces de silence immaculé
Qu’il dépose, sédimente, fermente
Dans un temps irréel
La céphalée de l’horreur
Se mêle à ces pozzines verdoyantes
Du chemin de saint Antoine
Se juxtaposent alors la détresse
Et le soulagement, la quiétude
Les amoureux des bancs publics
Prennent un relief de merveilles du monde
Et tout reprend sa vraie place
Comme un oubli de l’essentiel
Un paradis sans ciel
Où l’aubépine reprend ses droits
L’épaisseur de la souffrance
Devient le parenchyme de la conscience
La vérité sans fard
Etale son couperet émoussé
Que nous connaissions pourtant
Mais qui s’affiche là
Sans mise en scène de séduction
Sans même un contour hystérique
Un lapsus terrestre
Une pierre qui dégringole d’un chemin
Un mouvement infime de la vie
La mort
Qui se dévoile
Dans sa nudité originelle
Refuser l’inacceptable
Nous fait croire aux guirlandes
Scintillantes de l’éphémère
Croire aux illusions
Que nous portons vivantes
Comme si nous pouvions modifier
Le réel
09:16 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
19/12/2008
Je devais lui dire
J’ai mis ma main sur son cou
Fripé, ridé par ses quatre vingt huit hivers
Caressé instinctivement
Le cou de cette femme
J’ai même passé la main dans ses cheveux
Elle, qui fut coiffeuse pendant toute sa vie
Et qui ne savait faire que ça
Puis j’ai approché mes lèvres de son oreille
Pour être sûr qu’elle entende bien
Sûr qu’elle ne rêve pas
Et d’une voix claire
Je lui ai dit que sa petite fille
De vingt sept ans
Venait de se suicider
J’ai répété plusieurs fois
Avec des mots différents
Pour être certain qu’elle avait entendu
Elle s’est effondrée, prostrée
Et j’ai continué à lui parler
Quelques mots s’échappait parfois
D’entre les rides
« c’était à moi de partir »
« c’est impossible, son petit… »
ma main circulait dans son dos
accrochait un espace de compréhension
serrait une épaule fuyante et frêle
je devais lui dire
je devais le faire
je devais
18:17 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
14/12/2008
Enfanter la terre
J’ai tracé un sillon
Dans la terre fertile
De la paume de la main
A l’échancrure de mes souvenirs
Me rappeler l’homme
Que je suis, qui me précède
Troglodyte impatient
De mon retour
Il faut te résoudre à l’attente
J’enfanterai les reins de la terre
Par la force et le courage
De mon illégitimité
apprendre à regarder
la fourmi noire sur une terre noire
où la vague déferlante
engloutissant le marin
il n’est pas de bonheur aussi fugace
et fulgurant que cette terre
sous les ongles
matrice minérale
Aux larmes de feu
Volcan figé de mon désir
Je regarde mes mains
Elles sont vivantes
Et tendues vers toi
Comme celles d’un père
Qui se souvient
17:09 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (7)
10/12/2008
Carnet de Route
Les chasse-neige ne sont pas encore passés
La nuit n’est pas achevée, pas encore passée
Et déjà les flocons fondent sur moi
Telle une femme nue à peine éveillée
Je roule sur la neige, fier catamaran
Avec dans son sillage les écumes volantes
D’une histoire à peine écrite
Aussitôt envolée
Une histoire qui se délite aussi rapidement
Que l’humeur capricieuse qui trouble
Mes rêves encore brûlants de la nuit
Dérisoire de croiser des épaves encore fumantes
De voitures dans le fossé
Et si c’était moi…
Pensée à peine ébauchée d’une impossible réalité
J’accélère encore pour brouiller ma vue
Comment peut-on être banquier ou trader
Vais-je réussir ce matin à monter la côte de Méreuil
Je n’ai aucune envie de monter à pieds
Mes mains sont frigorifiées
Et si j’étais albinos noir
Noir, noir c’est ce qui se dit quand on a trop bu…
Une autre épave là sur la gauche
J’accélère encore…
Je vais juste travailler
J’ai l’impression inhabituelle que ce matin
Ils ont besoin de moi, besoin de me voir
Besoin de ma présence transparente attentive
J’arriverai pendant leur petit déjeuner
Nous avons mis trois ans à le rendre réalisable
Réfléchir négocier obtenir
Quelle perte de temps
Mon pare brise devient opaque
Mes essuies glace sont bloqués
Je ferai mieux de retourner me coucher
Mes collègues ne prendront pas la peine de se déplacer
Par un temps pareil
Je ne peux pas renoncer
C’est idiot, nous ne sommes pas irremplaçables
C’est vrai, c’est faux
Mes roues se figent dans la neige
Comme dans un récif oublié
J’y suis
je vous écoute
19:56 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
04/12/2008
Dysphrasique
Desmotsmesmotsàdéfierlesilencequetumasappris
Chuchotésenperlesd’aveuxilmeresteleurchantbrûlant
Mélodiecruellequipercutemonoreilleetterendsivulnérable
Dysphasiquedysphrasiquedemesémotionssouterrainestum’as
Apprisàécrirel’avantdel’avantquelquechosequetoiseulepouvais
Convertirenlamedebonheursanstelaissermouriretsansouvrircescicatrices
Déjàreferméessurl’horreurdetelire
Disaistucemotpourmeséduireetm’accompagnerdansl’ignorancedenotreignorance
Eglantinetum’enasdonnédespagesetdespages
D’amour18:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)
01/12/2008
Bonheur
Porte entre ouverte du soleil
Je viens te donner les fibres vibrantes du cœur
la mémoire oubliée de mon autisme
Les brûlures insensibles du regard
Mes mains recousues
A la tendresse de tes sourires
A la suture de mes plaies
Renaît le bonheur
Je n’ai jamais eu mal
à avoir mal Douleur invisible
d’une solitude surpeuplée
J’anesthésie le passé
D’un revers de phrases
Désuètes et magiques
Qui colorent même la misère
Un semblant de déchirure
Qui apprend et convoque la reconstruction
Faire la paix avec soi-même
Dans les volutes du calumet
Dans l’avalanche du nécessaire
Comme si je pouvais être utile
A rendre l’inutile
Indispensable
Déterrer la hache de guerre
Pour me battre contre
Mes pensées défensives
Oser le plaisir
07:37 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
26/11/2008
Propriété Privée
Ne volez pas
Ma mort ourlée
sous les échardes de la vie
Enchaînée
Aux rires volatiles
Des senteurs de rhum et de terre
Elle m’appartient
Le seul lien qui me réunit
faire la paix avec moi-même
Le vrai plaisir d’une écorce arrachée
Un saignement de bonheur
Qui ranime mes rêves d’enfant
Les rides de mes souvenirs
Suturer la mort
Comme un acte d’amour
Spéculer sur elle est sans retour
Je m’y sens vivre
Sans artifice avec plaisir
Inonder mes poumons
Arrogance primitive
Comme retrouver
Un second souffle
Qui change le regard
Ne touchez pas à ma mort
Propriété privée20:35 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
15/11/2008
Mes Déserts
(Photo JLG 1982-1983)
J’ai cousu les paumes de mes mains
Aux rives escarpées du sommeil
Simulé le silence
Pour entendre les pleurs de la terre
Retrouver les émotions
Du temps où rêver
N’appartenait pas qu’aux enfants
Où prendre soin des autres
Devient urgence vitale
Comme on remplit ses mains
Des sables du désert
Et qu’on s’émerveille
Devant tant d’humanité
J’ai mal à l’Afrique
Volatile et sensuelle
Que nos cultures apraxiques
Dénaturent même avec générosité
Je voudrais retrouver
Ces dunes immaculées et charnelles
Qui connaissent encore
La valeur d’un souffle de tendresse
Un bras autour du cou
Pour bien nous signifier
Que nous sommes de passage
Que seule la terre
Appartient à la terre
20:11 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)