12/12/2014
5 h 57
5 h 57
Il avait mal dormi…
Un matin de pleine lumière
Après avoir avalé son 7ème café
comme pour conjurer ses 7 arrêts cardiaques
il se laissa prendre
par « la configuration du dernier rivage »
Plus que personne
il savait qu'il ne fallait pas plus
« que quelques secondes pour effacer un monde »
des rives de l'aphonie
d'où il tirait les principaux traits
de son caractère
Il avait tenté et tente encore
de faire de la vie son alliée…
Il se répétait ces mots
d'un auteur moderne
qu'il avait trouvé
sur l'étagère du WC
(L'espace entre les peaux
Quand il peut se réduire
Ouvre un monde aussi beau
Qu'un grand éclat de rire.)
Quel nouveau désir
pouvait-il donc attendre
encore
il avait fait un trait sur sa vie
par peur de le faire sur sa mort
il savait qu'il allait mal mourir
comme il avait mal vécu
il ratait toujours ses départs
et ne s'en consolait jamais
il en avait pris son parti
Chaque rencontre
rend compte
de ce désir de partage
qu'il savait illusoire
un aphorisme inutile
qui ne suffisait plus
à combler la brèche
qui le séparait du monde
qui le séparait surtout de lui-même
il était calme et heureux
le goût sucré de sa peau
l'envahissait
Il savait son absence
bien plus indispensable que sa présence
des herbes rouges
au fond des yeux.
07:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
12/07/2014
Today
Je n’échapperai pas
A la levée du jour
Et pourtant j’étais sans certitude
Celle des pierres qui se fendent
Même quand aucun bruissement n’annonce
La métaphore du changement
J’étais décidé à regarder le temps
Celui qui passe
Comme une caresse dans les herbes rouges
Le feu qui ronge les corps assoupis des bien pensants
Des penseurs et donneurs de leçons
Décidé à pardonner
L’affront des hommes
Cette symbiose avec la terre
Que connaissent les enfants
Dans une lutte à mort
Me perdre ou perdre
Les racines graciles qui me lient
A un semblant de sens à la vie
Ne rien posséder
Que la noirceur des nuits sans fin
Des nuits où l’oubli nous fait regretter
De nous croire civilisés
Rien n’appartient à personne
Nous sommes un éclair à peine visible
Dans une nuit sans lune
Une évidence que la terre nous rappelle sans cesse
Mais que notre crédulité mégalomaniaque
Nous fait oublier aussitôt dite…
Je m’épuisais à regarder le vent
Reconstruire un semblant de journée
Le lilas était jaune
Et enfin
Je me sentais mortel
Pour de vrai
discrètement
09:32 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
04/05/2014
Ma voisine
Comment relire
Les pages oubliées
De l’histoire
Les vestiges sans larme
Des épopées charnelles de l’enfance
Quelques fleurs jaunies entre les pages d’un livre
Je les retrouverai peut-être quand ma mémoire fera défaut
Comme cette petite femme que je croise plusieurs fois par jour
Elle se rend à l’arrêt de bus qui n’existe plus depuis si longtemps
Pour y attendre son fiancé…
Plusieurs fois par jour, par tous les temps, de très tôt à très tard
Elle retourne inlassablement les pages du même livre
S’y retrouve à la même page, à la même ligne
Là où son fiancé la rejoignait
Il y a des dizaines d’années
Elle se maquille sommairement, se prépare à la rencontre
Et repart dix fois, vingt fois par jour
A la rencontre de son amour qui la rend si vivante
J’entends souvent qu’elle serait mieux dans une maison spécialisée
Mais j’aime croiser cette femme aux rides qui se déplissent
A chaque aller et venue vers la gare routière
Elle porte sur elle une histoire inachevée
Un petit gilet sans couleur précise
Et une démarche d’adolescente rejoignant son chéri
Elle porte en souriant une douleur terrible
Celle d’une mémoire qui impose la jeunesse, sa jeunesse
Alors que René est mort à la dernière guerre.
J’ai parfois envie de pleurer
Tellement ses trajets sont dérisoires
Vers cet amour qui est toujours sur elle, posé comme un papillon
Elle me rappelle à chaque passage
D’inscrire dans ma mémoire
Que l’on peut sauter les pages d’un livre
Mais de le garder précieusement sous son bras
Comme le bras de celui
Que l’on a tant aimé.
20:03 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
02/05/2014
Nost-algie
première année de médecine à Tours
Il y avait Vincent et toi Philippe
Vincent tu m'as appris à jouer de la guitare
Philippe nous refaisions le monde, chaque jour
C'était curieux cette complicité
nous étions si différents et si proches à la fois
Il y avait ces deux concertos de BACH
Nous aimions surtout le premier mais c'est le deuxième que j'ai choisi...
cette pochette bleue, je j'ai ouverte des centaines de fois
Je crois sincèrement que nous avons réussi grâce à cette musique
Non je vous mets le premier
ce serait injuste sinon
Et pourtant à l'époque j'étais un fan de King Crimson
des Beatles bien sûr et de Crosby, Stills Nash and Young
mais aussi de Bertin, Ferrat, Brel, Ferré et Brassens
et tant d'autres...nous ne rations aucun concert.
Bon c'est juste pour vous faire écouter
les papiers de ma mémoire
qui s'envolent au vent du Sud.
15:40 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (5)
30/04/2014
Ab - Sante
Je n'écris plus depuis un bon moment...
Plus envie peut-être ou plus capable
Plus rien à dire sans doute
Tout est dit...
Et pourtant rien n'est dit
qui ne soit une étincelle dans la nuit
une fulgurance qui réveille le jour
et les ombres s'illuminent...
Je m'aperçois que malgré ce silence
cette absence...50 à 100 personnes passent chaque jour sur mes mots
pardon, les mots que j'aligne
alors je me dis que je ne peux pas rester insensible
je ne le suis pas d'ailleurs
j'apprécie ces visites et je sais que certains
attendent une lettre, un signe, un mot
alors je vais refuser ce silence
soyez patient
ce n'est pas comme le vélo
on y perd son âme parfois
En tous cas, je vous aime...
17:32 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
31/10/2013
Divagation
J’ai toujours beaucoup regardé les murs de ma chambre lorsque j’étais petit. J’y voyais toutes les angoisses de la vie s’y révéler dans un morceau de tapisserie déchirée. Je devrais dire les murs de l’unique pièce à vivre. Les murs comme une seconde peau où se regarder grandir. D’ailleurs je n’ai jamais appelé ça un appartement. C’était une partie d’un ancien couvent avec un placard à charbon. Personne ne m’a jamais enfermé dedans, à part moi pour m’isoler et rêver. Mon lit entouré d’un cosy des années cinquante était mon seul refuge. Je vivais avec mon grand père et ma grand-mère avec des souvenirs d’avant l’avant. Le frère de mon grand-père mort à 34 ans en sautant à cheval d’un pont de la Loire, Le départ à 14 ans de mon grand-père pour la marine à Marseille. Des tas de petits cailloux enveloppés dans du papier de bonbons à savourer avec parcimonie quand l’absence réveille les souffrances d’enfant.
Le temps n’avait pas bien vieilli
Il n’avait pris aucune ride
Mais il sentait pourtant la naphtaline
J’y croquais le bleu des rêves
Avec l’insouciance des enfants de pauvres…
De quelle époque étais-je ?
Où étaient mes racines ?
Particule non identifié brûlant l’eau salée des grandes marées
J’avais renoncé à la souffrance très jeune
Certes, elle m’a bien rattrapée
Mais je l’ai domptée de nombreuses années
Mes mystères me sautaient à la gorge
Comme un repas mal digéré, un réveil du dimanche trop matinal
Une brise du large qui ne s’engouffre pas dans les cheveux
Une ligne d’horizon qui nous échappe inlassablement
Qui abolit les perspectives
J’étais triste et heureux à la fois
Cette ambivalence charnelle
Qui dévore toute imagination
Tout projet
Impossible de me projeter dans un quelconque avenir
Y avait-il un avenir, d’ailleurs
Un faux semblant où l’on s’évertue à laisser trace
Quelles traces ont laissé les hommes
qui méritent de vivre uniquement par procuration
Notre imperfection est criarde
L’injustice ne fait plus pleurer que les enfants
Le soleil était toujours trompeur à la terrasse du « café chaud » où nous refaisions le monde. Depuis le monde va plutôt plus mal et nous, nous mesurons notre réussite mathématiquement, numériquement sur un modèle oublié, dépassé qui sent la révolte. J’ai une envie de jouer au « flipper » dans le café du centre avec Raphaël et les trois petits cochons. Une rencontre insolite, imprévue…de celles qui vous font croire que tout est possible. Merci RM.
Et pourtant je reste intraçable… scorie d’un passage qui ne dérange même pas les feuilles mortes.
11:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
25/08/2013
Quelques miettes de pain
Ma vue asséchée de larmes
Devinait le silence tapageur
Des passeurs de rêve
Je ne pouvais me résoudre
A comprendre le monde
Ne comprenant de moi que la surface écorchée du désir
Le vieillissement des pierres
Etait mon refuge ancestral
Ma généalogie
Je me surpris à méditer
Après ce long tarissement de mots
Éclipse verbale salutaire et ombragée
Où le corps ne répond plus
La gorge fermée
Crevasse oubliée et stérile
Où s’accumulent la mémoire et le souvenir
De la vie des hommes
Galaxie imprenable d’une pensée sauvage
A peine élaborée
A peine viable
Le son inaudible mais présent
Comme le crissement d’un bas sur la jambe d’une femme
Le tumulte d’une caresse effleurant la peau
Le trouble du baiser avant le contact
Quelque chose d’indisable
Une parole avortée et cruelle
Qui nous rappelle notre incomplétude
Notre fragile et vulnérable souffle
Evanescence de la volonté de laisser trace
Trace d’un si peu de nous
Comme les miettes de pain
Sur la table après le partage d’un bon repas
Seuls les oiseaux s’en souviennent…
Ce n’est déjà pas si mal
15:02 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
05/07/2013
Coup de Vent
(photo JLG)
J’ai toujours beaucoup regardé les murs de ma chambre lorsque j’étais petit. J’y voyais toutes les angoisses de la vie dans un morceau de tapisserie déchirée Je devrais dire les murs de la chambre cuisine salle à manger. Il n’y avait que deux pièces dans l’appartement. D’ailleurs je n’ai jamais appelé ça un appartement. C’était une partie d’un ancien couvent avec un placard à charbon. Personne ne m’a jamais enfermé dedans, à part moi pour m’isoler et rêver. Mon lit entouré d’un cosy des années cinquante était mon seul refuge. Je vivais avec mon grand père et ma grand-mère avec des souvenirs du début du siècle. Le frère de mon grand-père mort à 34 ans en sautant à cheval d’un pont de la Loire, Le départ à 14 ans de mon grand-père pour la marine à Marseille. Des tas de petits cailloux enveloppés dans du papier de bonbon à savourer avec parcimonie quand l’absence réveille les souffrances d’enfant.
Le temps n’avait pas bien vieilli
Il n’avait pris aucune ride
Mais il sentait pourtant la naphtaline
De quelle époque étais-je ?
Où étaient mes racines ?
J’avais renoncé à la souffrance très jeune
Certes elle m’a bien rattrapée
Mais je l’ai domptée de nombreuses années
Mes mystères me sautaient à la gorge
Comme un repas mal digéré
Une brise du large qui ne s’engouffre pas dans les cheveux
Une ligne d’horizon telle un mur de prison
Qui abolit les perspectives
J’étais triste et heureux à la fois
Cette ambivalence charnelle
Qui dévore toute imagination
Tout projet
Impossible de me projeter dans un quelconque avenir
Y avait-il un avenir d’ailleurs
Un faux semblant où l’on s’évertue à laisser trace
Quelles traces ont laissé les hommes
Qui méritent de vivre uniquement par procuration
Notre imperfection est criarde
L’injustice ne fait plus pleurer que les enfants
Le soleil était toujours trompeur à la terrasse du « café chaud » où nous refaisions le monde. Depuis le monde va plutôt plus mal et nous, nous mesurons notre réussite mathématiquement, numériquement sur un modèle oublié, dépassé qui sent la révolte. J’ai une envie de flipper dans le café du centre avec Raphaël et les trois petits cochons. Une rencontre insolite, imprévue…de celles qui vous font croire que tout est possible. Merci RM.
10:21 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
25/03/2012
J'étais la terre
À cœur ouvert (3)
Le réel est injuste
J’avais besoin en ces temps de reconnaissance
« De ces belles personnes qui font du bien au monde »
Je pensais creuser la terre frénétiquement
Pour y trouver la paix
Effleurer ma peau du dessous
celle qui garde les blessures et les absout
celle originelle qui nous drape des amours infantiles
amours de violence et de vérité
la peau du toucher
la peau de la reconstruction
la peau du feu qui nous consume
et nous fait renaître à nous-mêmes
peau à peau je redécouvre la langue
mot à mot je réapprends la respiration
lente et ample des matins où l’on croque la vie
j’écorche la pierre tranchante du réel
sans savoir ce que j’attends
en sachant ce qui m’attend
j’ai refermé le grand livre
des souvenirs des amertumes des mémoires
comme on quitte un livre
impossible à écrire
J’étais la terre
Ce visage unique refermé
Sur le pas des hommes
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11/03/2012
Suite...
à Cœur ouvert (2)
La pluie traversait mes yeux
Je ne discernais plus l’ombre du silence
Je parlais sans un mot
De l’aube du sourire
D’une peau à ma peau collée
Aveuglé par mon émoi
J’apprenais à naître à l’autre
Dans l’épaisseur d’un miroir brisé
Funambule sur la tranche du désir
J’abordais la vie à cœur fermé
Dans un copeau de ciel bleu
Je m’irritais de ne pas dominer la terre
Les blessures sont faites pour se rouvrir
Printemps silencieux de nos faiblesses
Je criais à cœur perdu
à l’infamie de nos souffrances
quand même la terre ne vacille d’aucun émoi
Je retrouvais un ami d’enfance
légendes des âges où l’on donnerait son cœur
sans partage
sédiments des matins sans brume
des levers insouciants
où le monde nous appartient
vertige des vestiges de nos croyances
quand nous refaisions le monde
et que le monde nous épargnait
j’avais oublié la cruauté de nos fantasmes
la blessure des draps pliés sur la peau
au matin d’un réveil en sursaut
livide et vulnérable de n’être
que l’image blafarde de l’enfant
qui s’épuise en nous
je ne restais pas insensible au vent
qui décoiffait mes rêves
10:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
29/01/2012
Rien ne justifie la peur
Mon grand-père m’avait arraché à ma mère
Comme on sauve un enfant de la noyade
Comme on arrache une dent avec un fil relié à la porte
Pour un petit fils de boulanger être un « bâtard » n’avait rien d’humiliant
L’idée de cette irréelle unicité ne semblait pas me déranger
Cette solitude fondatrice m’accompagne toujours
Et la lecture de mon acte de naissance reste une énigme
Une vacuité plutôt, l’absence graphique qui inaugure une parole
Ma parole
Tout semblait se jouer entre ces trois protagonistes
Sans accord, sans un mot, tacitement, juste ce qui lie un père à sa fille engrossée précocement
Une alliance qui m’échappait et leur échappait aussi
Une banale histoire de vie de village que nous avons pourtant quitté très vite
J’ai toujours vénéré cet homme, parole vivante, qui m’a porté une admiration sans bornes
Chaque matin je pense à lui et il a beaucoup contribué à ce que je suis
A ce que je ne suis pas aussi
Sa présence m’envahit encore aujourd’hui
Je sais pourtant, sans jamais en parler, que la femme qui m’a le plus aimé
Le plus choyé, étreinte des silences à porter, des blessures dont elle ne dira jamais rien
C’est ma grand-mère
Femme de l’ombre, discrète et soumise, moins éloquente
C’est toi qui enlevais mes chaussures quand je revenais le mercredi soir de la piscine Blomet, juste capable de m’affaler sur mon lit pliant.
C’est toi la laborieuse du petit matin jusqu’au soir très tard qui t’occupais de moi
C’est toi qui m’as donné le nom de mon père pour le trouver puis le perdre
J’avais souvent honte d’être accompagné d’une « vieille femme » de 42 ans à l’école des Renaudes, dans le quartier où tu étais concierge, rue de Chazelles, dans ce très bel immeuble qui a été si longtemps ma plus belle cour de récréation du monde, entre le parc Monceau et les grands magasins.
Tu es partie ce jour de… (Je ne sais même plus quand c’était) après ma dernière visite et un bon repas très déséquilibré où tu gardais toujours le meilleur pour moi. Tu m’as fait signe de partir quelques minutes, comme par pudeur, pour pouvoir mourir tranquille, rassasiée de ma venue.
Je te savais heureuse. Je savais que tu m’attendrais
Si, je m’en souviens maintenant c’était l’année de mon mariage
Je n’ai lu aucune angoisse sur ton visage lisse comme ta vie. Nous t’avons allongée près du grand père, une évidence. J’ai gardé tous les dessins de l’arrière-grand-père Besnard, ton père et c’est tout.
J’ai vécu des années sans peur…
18:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2011
Stances à l'insistance
http://dai.ly/sGgJGa (Jean VASCA) - croisons nos ombres
Je serai la trace de l’effraction
Qui pousse en vous
Comme l’épaule du rêve
Bourgeon de l’essentiel
Possible existence insoumise
Souvenir en exil
Qui fait monter les larmes
Je serai avec insistance
Cette mélopée envahissante
Qui encombre et remplit vos têtes
Mais remplit le désert de la rébellion
Je ne suis rien
Ce petit rien de tendresse
Qui épouse le sourire des hommes
Ce petit rien que je tiens de mon grand père
Et qui vit à travers moi
À travers vous
Qu’un silence nous transmet
Il vient des océans
Porté en fraude de port en port
De marée en marée
Je suis cette île
Partition d’une aile blessée
Qui chante à nos oreilles
La trace immuable de notre appartenance
Trace inaudible
Trace invisible
À qui ne sait pas écouter
Le murmure du silence des mots retrouvés
mémoire inaliénable
porteur d'amour
14:04 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (8)
12/12/2010
Filiation
(Les deux soeurs KLA - G Poupard)
Nous sommes de ces rivages sans horizon
De ces levers de soleil en exil
Que les marées caressent inlassablement
En creusant des rides de vie
Sur nos visages en fuite
Nos mains liées ensemble
Pour ne pas se perdre
Comme un pardon que je ne m’explique pas
Creusent la terre
A la recherche de mots oubliés
De paroles perdues
Paysan de l’âme
Je ne ménage pas ma peine
A retrouver ces cryptes de souffrance
Qui libèrent ton regard
Vos voyages incessants m’épuisent
Mais je ne me résous pas
A la surdité
Dans l’écoute du petit matin
Il est des paroles
Qui s’inscrivent dans la chair
Des gouttes de rosée
Pétrifiées par le froid
Un rassemblement de nos forces
Nos poussières de révolte
Déchirent le silence
Les mots d’enfance de ma fille
Font écho de violence
Je suis un enfant maladroit de l’hiver
Balafré par l’émotion du souvenir
J’ai le « cœur qui boîte »
L’écorchure au coin des lèvres
Une blessure d’amour à genoux
Qui réveille sans cesse
La vigilance attentive et bienveillante
De mes yeux penchés
Sur ton cou
En caresse éternelle
Le vitrier s’en est allé
Nous avons mis du carton gaufré
Sur les vitres cassées
De nos désirs
Peut-être apprendrons-nous
Un jour
A voir au-delà du visible
A reconnaître notre simple humanité
Un instant de bonheur
(« Comme le petit jésus en chaussons de velours
Qui coule dans ta gorge »)
Autour d’une table
Ne rien se dire
Mais être bien
Là
Ensemble
18:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
27/06/2010
Voile
Je veux me souvenir
De ce que je ne suis pas
De cette absence de mots
Pour se dire
De ce silence sans faille
Où se construit le manque
De ce rien de moi-même
Qui va me constituer
Je veux me souvenir
De l’échancrure du silence
De l’entrejambe du bonheur
Des désirs à peine audibles
Des gorgées de sourire
Que la mer a repris
Je veux me souvenir
Des blessures imprévues
Injuste prégnance
Des mots d’avant
De ceux du monde
De l’autre côté
Celui que nous ne retrouvons jamais
Même dans l’inconstance
De nos rêves d’enfant
Ce pays noyé de souvenirs
Qui nous échappent
A tout jamais
Je veux reconstruire
Sur des sables mouvants
L’un-certitude du s’avoir
Avaler l’océan
Et faire des bulles de savon
Colorier sans dépasser
Tendre la main à l’absurde
Me coucher sur les pierres
Regarder les étoiles
Celles que j’invente chaque soir
Pour que la nuit improbable
Rassemble ceux qui s’aiment
Je veux ôter ce doigt
Qui m’empêche de parler
Parce qu’il n’y a rien à dire
Et tellement à se dire
Dans le chambranle de la porte
Je m’accroche
A tous ces traits de crayon
Usés par le temps
Qui racontent nos vies
Mieux que personne.
(Cristallisation avortée de quartz Amérique du Sud)
07:17 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
15/05/2010
Dits d'Il
Une voix dans la nuit
Une voix qui vous saisit
A deux doigts de raccrocher
Un timbre de voix connu reconnu
Le noir d’une lumière
Ravivée par quelques mots
La dérive qui vous emporte
Un ancien patient
Qui se soucie de moi
Qui s’inquiète de moi
Alors qu’il connaît
Certainement mieux l’enfer que moi
Un lien qui dépasse le travail
Cette intonation dans la voix
Avec ou sans alcool
Qui touche directement mon cœur
Directement ma chair
Il me tend la main
Moi qui suis un handicapé du don
Je vacille
Merci Frédéric
De t’avoir rencontré
Un jour terrible
Qui ne t’appartient plus
Un jour d’émotion nue
Un jour d’hommes11:03 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
24/04/2010
Le sommet du gouffre
De l’obscurité du soleil
J’ai tiré le champ aveugle
De la vérité
Les leçons cent fois remises
A l ‘ouvrage
Obsession figée
D’une humanité sans rides
Qui impose le manque
Comme la seule perception
Tactile du réel
Evanescence des plis de ma mémoire
Des pensées froissés
Par l ‘indignation
J’écris tes aléas
Partie congrue du désir
Fils tendus de mon inertie
Comme on lève son verre
A la révolte
Je me révèle
Dans l’absence du regard
L’ incompréhension des pierres du rêve
L’appréhension d’un toucher de peau
L’éclat soudain lumineux
De la tristesse
Ma chair n’en finit pas
De troubler mon sommeil
D’ondes vives
Séparant les persiennes
Il est tard
Et pourtant
Je sens poindre le jour
Je sens les mots m’envahir
De ce qu’ils ne peuvent dire
18:35 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
Filiation
Mon fils m'a envoyé cette vidéo
je l'avais déjà vue
mais l'adresse qui se reconstruit
m'émeut autant
que le contenu qu'il m'adresse
Il est des petits gestes
de ces gestes qu'on mesure avec les doigts
ou avec le coeur
"je t'aime comme ça"
en montrant l'index et le pouce
croisant le regard
preuve insignifiante
du réel
de l'amour
14:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (3)
04/04/2010
Par delà les nuages
« Il y eut les landes sauvages, et puis il y eut le rivage, et puis il y eut l'océan. Partir toujours et n'arriver jamais. On quitte les lieux, on quitte les autres, après, on se quitte soi-même. On ne se remet jamais de tous ces départs, de tous ces abandons. On vit dans un temps écrasé. »
Franck
C’est vrai
On ne se remet jamais
De tous ces départs
On recristallise
Les contours du cœur
Ecorchure après écorchure
Nous avons la patience des pierres
A nous déliter
Avec délicatesse
Avec pudeur
En silence
Ce tremblement de rosée
Nous émeut encore
Tout est muet
Dans le sillage des mots
Il n’y a que le blanc
Qui efface le bleu
Un rêve incertain
Crevasse nos réveils
Qui efface le poids du vent
L’humidité a le pouvoir des herbes folles
Un vallon me poursuit
Assèche ma paupière
Il est temps
De tant de temps
Les larmes de tes mots
Risée inattendue
Tendue de lumière
Partage le rêve
Nuages
Destination de l’improbable
Où l’émotion
S’écrit
Comme une pluie de fleurs
11:03 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
03/04/2010
Imposture
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple
l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque
portion du peuple, le plus sacré et le plus indispensable
des devoirs » article XXXV des Droits de l’Homme
Lalangue trace indélébile
De notre aliénation
De la dérive insurmontable
Du désir
J’ai les mains
Ancrées dans le Réel
Une ligne bleu partage le silence
Un cri ombre décalée des marées
Lien invisible éphémère qui
Soutient notre regard
« L’autisme n’est pas une maladie psychique »
Ministre de la Santé
C’est décidé, demain je fais le budget de l’état
Et je vais à l’école du cirque
Apprendre le dressage
Quelle imposture
Leautisme
Lumière éteinte
souterraine
De l’avènement impossible du discours
Généalogie terrifiante et inattendue de chacun de nous
Espace de liberté
Nié et renié
Interminablement
Quand comprendrez-vous
Que votre choix
N’est pas le notre
Violer encore le silence
Qui nous protège
Prenez définitivement notre parole
Qui n’en finira pas de vous manquer
Notre parole oubliée
Qui vit
Comme une herbe dans le cœur
Loin de votre arrogance
Qui sont ces gens
Qui prétendent comprendre
L’incompréhensible
16:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
14/03/2010
"La matinée se lève"
"La matinée se lève"
elle ne sera jamais plus la même
j'avais fait une note en 2008 ici
je me souviens d'un de tes derniers concerts à Tours
en 1972-73 que j'ai raté
j'y pense encore
quelque chose meurt un peu en moi
avec toi Ferrat
c'est tout
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