12/12/2010
Filiation
(Les deux soeurs KLA - G Poupard)
Nous sommes de ces rivages sans horizon
De ces levers de soleil en exil
Que les marées caressent inlassablement
En creusant des rides de vie
Sur nos visages en fuite
Nos mains liées ensemble
Pour ne pas se perdre
Comme un pardon que je ne m’explique pas
Creusent la terre
A la recherche de mots oubliés
De paroles perdues
Paysan de l’âme
Je ne ménage pas ma peine
A retrouver ces cryptes de souffrance
Qui libèrent ton regard
Vos voyages incessants m’épuisent
Mais je ne me résous pas
A la surdité
Dans l’écoute du petit matin
Il est des paroles
Qui s’inscrivent dans la chair
Des gouttes de rosée
Pétrifiées par le froid
Un rassemblement de nos forces
Nos poussières de révolte
Déchirent le silence
Les mots d’enfance de ma fille
Font écho de violence
Je suis un enfant maladroit de l’hiver
Balafré par l’émotion du souvenir
J’ai le « cœur qui boîte »
L’écorchure au coin des lèvres
Une blessure d’amour à genoux
Qui réveille sans cesse
La vigilance attentive et bienveillante
De mes yeux penchés
Sur ton cou
En caresse éternelle
Le vitrier s’en est allé
Nous avons mis du carton gaufré
Sur les vitres cassées
De nos désirs
Peut-être apprendrons-nous
Un jour
A voir au-delà du visible
A reconnaître notre simple humanité
Un instant de bonheur
(« Comme le petit jésus en chaussons de velours
Qui coule dans ta gorge »)
Autour d’une table
Ne rien se dire
Mais être bien
Là
Ensemble
18:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Magnifique "carton gaufré sur les vitres cassées" ! Ce texte-là, "comme un pardon que je ne m'explique pas", me prend par la main, m'émeut profondément. Ton "paysan de l'âme", s'il se dit "enfant maladroit de l'hiver", demeure ici un orfèvre. Très beau texte Jean-Luc.
Écrit par : Ile E. | 14/12/2010
Quelle joie et quelle fierté que ce texte te touche Ile
plaisir aussi de presque t'entendre lire/dire ces mots avec cette musique
qui m'habite encore, cette voix des mots que j'aime tant...
Merci encore Ile
Amitié
jl
Écrit par : JLG | 14/12/2010
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Un pécheur qui boite en saura toujours plus long qu'un théologien qui sautille. Toi, en plus, tu sais filer le mot jusqu'à tricoter une canne. ;)
Amitié fraternelle Jean-Luc et bonne traversée.
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Écrit par : Blog_trotter | 04/01/2011
Toujours beaucoup de tendresse fraternelle
pour toi Philippe
qui sait si bien tisser l'inertie ambiante envahissante
Amitié
jean-luc
Écrit par : JLG | 15/01/2011
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