10/01/2018
Rien ne soupire
Posée la main rose, dans les terres brunes, noires
écrasé le coeur des mensonges passagers
le rire enterré sous la rosée
finis les silences qui ne révèlent que de l' impuissance
aride la solitude, le vide, le manque qui manque
la terre semble vivre, dire
je ne vous aime pas
je l'entends sans tendre l'oreille
le bruit est singulier
sa respiration inaudible
il ne reste que les cocotes en papier
qui ont du sens.
14:28 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
10/12/2017
Vivre
(Photo JLG)
Commencer un livre...
(ce qui n'est pas le lire)
commencer un livre donc
c'est comme s'asseoir un 17 septembre 1959
sur la plage de Dieppe
et écouter rouler les galets
trembler le ressac des entre chocs minéraux
contre son coeur
et aimer la Normandie
faute d'aimer l'amant de sa mère.
commencer un livre...
c'est comme s'asseoir au 7éme étage d'un immeuble
côté cour
au 32 rue de Chazelle 17 éme arrondissement
à se demander la suite
douce ou obscure
à donner à sa chute probable…
et détester les « riches »
les odeurs d'encaustique envoûtent
les enfants tristes de concierge
Peut-on terminer un livre
pas à l'écrire
pas à le lire
mais le terminer vraiment
comme on termine
une tranche de vie
une tranche de pain rassit
une tartine de vie.
Jamais pu aller jusqu'au bout
toujours effrayé
par ce volume de mots
ce frémissement inconditionnel de savoir, à voir
et pourtant je les aime, ces livres.
la poésie m'a aimée
m'a aguiché, séduit
amante volage qui convenait bien
au peu d'envie de lire
qui caressait mon esprit
le théâtre a été aussi longtemps en compétition
pour les mêmes raisons
j'arrivais parfois à refermer le livre
et à croire ainsi
avoir vaincu l'auteur
je suis allé jusqu'au bout
et puis la poésie on la prend par tous les bouts
on la picore
on la dévore
on la regarde
on la touche
on l'embrasse
en pointillé on se l'accapare
elle fait de même
au bout du compte
elle ne s'est pas laissée lire sans résister
A-t-elle imaginé
une fin suicidaire
ou simplement
la griffure du petit matin
qui tarde à venir
ou
vivre autrement
12:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
06/11/2017
autre Je
(Photo JLG)
C'est dans le brouhaha
que j'entends le mieux
le silence des coeurs
dans le sillon effacé du vent
que je vois le mieux
notre nécessaire incomplétude
et les rides du sommeil
éteintes
célébrer les pierres lisses
invisibles du rêve
c'est dans le rien que je devine le plus
justetediretelirecommejetaimemamanunenfantsansailessansciel
J'ai tellement aimé
l'innommable poussière
qui illumine ton regard
les coulées de sable de tes paupières
surtout tes mains
comme un cerf volant
qui contiendrait le ciel tout
entier
l'heure du croassement et de l'envol
suppose la bleuté de la nuit
l'éloignement des fougères
dans le morne
la fuite de l'amour est imminente
JerepenseàmesrédactionsdepremièreavectoiRMetletravailquetuasdûfaire
pourmedéniaiserunpeu
Je rêve d'ineffaçables souvenirs
qui contredisent le jour
et interrogent la nuit
une envolée de Grand Duc
le soir quand le tumulte
s'enlise dans les sables roux liquides de la nuit
Le croisement d'un regard
qu'aucun séisme ne bouleverse
je rêve d'un jour ordinaire
où l'amour ne saurait s'écrire
où les mots seraient soudain caduques
lisses et blanc
comme dans mon cahier d'écolier
Ecriredanslecimentdesmurspourconsolidermoncriaphoneetinaudible
Habiter ta présence
cet abîme dyslexique qu'il nous faut inventer
falaise inexplorée de nos chagrins
rebâtir l'insaisissable
de nos mains noueuses
voir ce qui ne peut être vu
Ecrire ce qui ne sera jamais lu
enfin
édifier le silence du manque
ne jamais renoncer à l'inacceptable
qui nous mutile et nous dévoile
frêle, humble,
la peur au front
muré dans le mutisme
J'auraisaimésavoirécrirequécrireestlanégationdecequipourraitsécrire
si j'écris tout petit, pattes de mouches
peut-être
comprendras-tu qu'un abîme tout entier m'est nécessaire pour ne rien dire. (idem pour le ciel).
La pierre lisse des rêves
s'écrit
à l'envolée du sommeil
là où les peaux
se déploient.
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25/09/2017
D'amour
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23/09/2017
Mi-Rage
Encerclé de solitude
mais pas de silence
mon corps a généré
cette cruauté aveugle
qui déracine les cocotiers
Pourtant rien d'inquiétant aux infos
le soleil se moque de nous
et dans ses rires sournois, je devine
le mirage, je devine mon île
encerclé de solitude
les grenouilles se taisent
la parole est suspendue
comme une mangue
qui se déchire
le bruit des tambours bèlè
rythme la tension des corps
J'ai dans mon coeur visionnaire
l'oeil du cyclone
qui n'y voit plus rien
encerclé de solitude
je perds la tête
comme on perd son âme de fée
mes cicatrices palissent
se mêlant à celles de la terre
calcaire poreux
de nos corps à corps
disproportionnés
et pourtant amoureux
les corps volent, les coeurs volent
les tôles des habitations aussi
seule la peur ne vole pas
arcboutée comme un corps sans voix
sans muscles, sans os, seul
encerclé de solitude
le rire d'une femme ronde
aux accents de vanille
bouscule mon sommeil
je ne sais plus ce qui est vrai
pourtant
dans son sourire
se cache
la vérité
nue
17:03 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
12/05/2017
Humeur
photo-texte JLG
Au matin lisse de mes insomnies
j'ai besoin de mes jours pour réparer mes nuits
même si je croise
je devine
en mémoire
toutes les douleurs du bonheur
ces moments au-delà des heures
dans la turgescence anévrismale
de tous les possibles
de toutes mes déchirures
de toutes mes écritures
résonnent en aurores boréales
le temps d'un souffle
de mort
la mort ne fait pas de cadeau
même si c'est dire à peu de frais
comme
il est difficile de vivre
je fais un burn out des larmes en tension
de ces quarante ans d'appels au secours
qui ont puisé, épuisé
ravivé
je ne sais plus mon reste d'humanité
d'animalité
J'ai le coeur ridé
des vociférations silencieuses de ma cruauté
Se bonifier reste un impossible végétal
où je ne me reconnais plus
je te tends la main
comme on tend un flambeau
qui en nous quittant
éteint la braise insoumise
des souvenirs
morsure répétée
de l'inutile utilité
du soir
14:41 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
23/09/2016
Antelope
(photo CP)
J'ai souvent dialogué avec la terre
jamais
je ne m'y suis baigné à m'y noyer
jamais
ressenti
cette intimité
cette proximité
cette sensualité cette appartenance terrestre
presque incestueuse
Il y a les couleurs
mordues par le vent du temps
par des formes inattendues
balayées par mille regards
qui ont façonné
l'intouchable
terre il y a granuleuse et lisse
annonçant un silence
de cathédrale un linceul à peine voilé
un voile transparent
J'adore et je crains ces moments
de fulgurances
ou la beauté
fait place à l'horreur
et quand
la pierre saigne
avec humilité
le carnage
de tant de vies volées
encore
suintantes
entre les différentes ocres
des teintes palpitantes étreintes des sables désertiques
pour rappeler
l'origine métisse violée
de corps invisibles
Il y a des femmes
encore grosses
fuyant les lignes acérées
de l'ennemi
l'espoir
dans ces recoins
de vies épargnées
Il y a tout ça
et cette
indicible
beauté
des terrains de guerre
trou béant
fissure lumineuse d'horreur
guerre avec la terre
guerre avec les hommes
De tout cela
il reste cette aventure personnelle
intime et indécente
de la rencontre de notre histoire
de notre honte aussi
à s'émerveiller devant l'insoutenable
de sa propre chair
16:08 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
22/09/2016
Un JOUR
C'est un mauvais jour
pour écrire
un mauvais jour pour penser
un mauvais jour
pour vivre
mais aussi un mauvais jour
pour mourir
c'est un jour
de larmes bleues
noueuses
comme le miel de châtaignes
où l'on cache sa peine
dans les rides effacées
du sourire
c'est un jour
en trop
ou un jour qui fait défaut
sur le calendrier interminable
des émois
c'est un jour
qu'on ne partage pas
par pudeur
ou par bonté
c'est
14:56 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
27/08/2016
Michel BUTOR
Avant Hier j'étais justement dans géographie parallèle (edition l'amourier) une écriture terrestre.
j'oserais "objectale" donc humaine. JLG
22:58 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
21/08/2016
Humeur matinale persistante
Je vis de souvenirs oubliés
de ta main sur mon cou
quand la brise se lève
Je vis parce qu'il ne faut pas renoncer
renoncer à soi-même
renoncer à ces réveils solitaires
A la toute première gorgée de café
et jeter le reste
Ne garder que l'essentiel
ne rien garder
juste se souvenir lorsqu'il est encore temps
des écorchures sur les genoux
des séparations impossibles
avec la fille du 6éme
de la beauté de sa mère
devant le parc Monceau
du vacillement incertain
sur la balustrade de la fenêtre
quand l'enfance devient un cauchemar
juste se souvenir
de l'immensité du désert
du sable qui roule sous ses pieds
à nous ensevelir
de la chaleur des nuits sucrées Antillaises
juste
cette profonde blessure
qui se souvient d'avant le mal
d'avant tout pleur
quand même les pierres parlaient
et le vent caressant écarquillait nos yeux encore enfant
juste se souvenir
que rien ne nous faisait peur
rien n'était impossible
nous étions les enfants du soleil
Depuis
quelques souvenirs
ont obscurcis l'horizon
et on ne sait plus où commence le ciel
nous sommes les sans ciel
d'un monde
qui ne sait plus se regarder
qui ne sait plus où regarder
Alors que tout est là
au tout dedans
là où se forge
la ravine de nos émotions
le printemps de nos jours meilleurs
10:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (4)
14/02/2016
DESHONNEUR
Ce n'est pas si souvent que la colère m'envahit...
Mais alors là, bien que sans illusion, prendre tous les citoyens pour des cons, c'est TROP.
Ce matin, avec tristesse, j'ai déchiré ma carte d'électeur.
Ma ligne de vie
se décrie au point de rosée
pas même atteint
elle était définitivement en travaux ...en friche
une césure dans un vers interminable
entre tourment et recueillement.
Poussière de terre et de limon
je ne devais rien aux étoiles
Le voisin déplaçait obsessionnellement
la clôture de son champ
comme pour se persuader
qu'il avait des projets d'ailleurs
peut-être sentait-il
qu'il nous faudrait
reconsidérer la couleur étonnante et volatile des abricots
le vent fort venu de l'Ouest
ce matin là
n'empêcha pas le soleil de se lever
Il le fit
sans se soucier de l'homme
je su que c'était un jour comme les autres
et que pourtant rien n'était comme avant
même mes tartines beurrées et mon café
avaient un goût inhabituel
une désespérance à suspecter l'amour
elles ne me rappelaient même plus les souvenirs d'enfance
les grasses matinées inutiles
à n'en plus finir
avec ma cousine, mes soeurs ou ma mère
ces moments où le temps se fige
où même le soleil tremble et semble
s'être arrêté à l'entrebâillement du volet
il ne brille alors que pour nous et nous nous persuadons
que la vie est belle
même la mine en graphite de mes crayons ne s'écrasait plus sur la feuille vierge
pour m'alerter au plus vite que la beauté du monde
n'a pas été inventée par l'homme
c'était un matin définitivement en travaux
je déplaçai les clôtures de mes pensées
comme s'il était impératif
comme si l'urgence imposait
que je ne sois pas surpris de voir
les cerisiers en fleurs, les amandiers se tordre
ne plus me demander si je suis un tortionnaire comme chacun de nous
surtout ne pas penser pour une fois à la mort de mon grand-père
le laisser seul redécouvrir l'absence
ce qui gît au fond de nous
ce matin du 11 février
Mandela sortait de prison
je n'allumai pas la radio
je mis un 33 tours d'une chanson de Joni Mitchell... « blue »
retour de mémoire inaccessible de maison bleue
la performance de Carolyn Carlson en 1977 avait troublée mon appréhension du monde
je serrai dans ma main un Herkimer de cinq cents millions d'années
mes doigts sentaient le savon de Marseille
et cela suffisait à me sentir libre
ne pas penser ce qu'on m'avait appris
mais penser ce qu'on m'apprenait pour articuler une autre pensée
la mienne
Il était évident
que je ne ferai rien comme d'habitude
que toutes mes valeurs imposées
auxquelles je croyais
n'avaient aucun sens
je repensai à la tombe de Camus et de Dali
je préfère celle de Camus et cette discrète similitude avec la banalité
de l'homme ordinaire qui sait se rendre extraordinaire
au moment où écrire est aussi difficile que ne pas écrire
je sortis et plongeai mes pieds et mes mains dans la terre
je vis que d'autres comme moi avaient renoncé
à la mort programmée
et au bonheur manufacturé
d'autres et d'autres encore réécrivaient la brèche sans fin de l'écriture
comme une gerçure qui ne guérira pas
la cicatrice indélébile de l'ami
comme un feu qui ne se consume pas mais nous consume tous
Enfin libre de ne pas écrire
ou d'écrire
Renoncer à soi-même comme l'écriture renonce à se donner
au juste aplomb
de la liberté
et
de l'honneur
15:59 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
31/01/2016
URGENCE
La force obstinée de l'existence
l'abandonnait
Ou bien avait-il choisi un autre chemin
L'air était saturé de silence
sur la lagune
la nuit, de noir éparpillé
révélait les lacunes
de nos origines
incertaines
j'étais la terre
éclairée de terreur
j'étais ce glissement de terrain
qui déplace les montagnes
et préserve une âme inaudible
persistante comme un baiser
métissé de glaise et de tendresse
un souvenir qui s'échappe
et qui pourtant s'enracine
dans quelques sédiments
que la terre accueille
la nuit égrenait son chapelet de souvenirs de terreur
il était minuit quand le sourire dérive
Il ne savait pas grand-chose
juste que rien ne lui appartenait
que c'était sa richesse
il pouvait ainsi arrêter son coeur
et vivre d'une autre vie
qu'il ne connaissait pas
une vie de pleine vie
l'insoupçonnable éclat de rire de la terre
une virgule
oubliée
dans un livre
à réécrire
dans l'urgence
du répit.
10:18 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
09/08/2015
Vignette Clinique
Tu t'es effondré en larmes
dans mon bureau de psychiatre
Tu essayais de me dire
combien ma visite dans ta chambre
et les mots que nous avions échangés
étaient importants et inutiles
tu avais deviné sur ma joue
au ras de ma paupière
l'infini fragilité de la peau
à retenir en échange , d'autres larmes
invisibles et d'autres mots
hurlants de silence
qui transperçaient et enrayaient ma gorge
Ils nous rendaient si tristes, humbles et déplacés
mais aussi tellement attentifs
tu m'as fait entendre dans ta folie
ce que mentaliser ton corps
jusqu'à en être captif
signifiait
que le savoir ne soigne pas
mais il en faut quand même
que l'intelligence ne soigne pas non plus
mais qu'il en faut aussi
que l'amour non plus n'y peut rien
mais qu'il en faut sans aucun doute
que la neutralité n'est qu'un concept
théorique (j'allais dire universitaire)
et qu'il n'en faut pas du tout
tu m'as appris pour la énième fois
de ma carrière
que seule la vraie rencontre soigne
mais je l'oublie à chaque fois
je l'oublie à chaque sourire
entre deux barrages, deux absences
à toi même, et du coup à moi aussi
Combien un regard peut être immense
et saturer le ciel
accepter ta folie
c'est ne pas en vouloir
ni pour toi
ni pour moi
c'est tracer la ligne
qui te conduit et me conduit à un autre espace
une autre écoute
où toi tu vas cesser d'être psychotique
et moi cesser d'être thérapeute
alors là peut-être
notre parole sera audible
aux rives d'un
entendement qui sera vrai
puisque nous l'aurons inventé.
puisque nous l'aurons inventé.
18:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2015
Matin
(Photo JLG - KLA)
L'aube grise mordait
et avalait les terres noires
elle semblait articuler
les premiers mots
des matins des hommes
comme dans un tableau silencieux
de Soulages
La nuit avait ainsi
échappée au sourire
et elle mêlait
la douceur volatile
d'un monde naissant
à la barbarie
des reflets incessants
de la souffrance
Je pensait m'être soustrait
à l'injustice
tellement
la justesse de l'instant
était parfaite
discrète
inaliénable
la journée toute entière
était nécessaire
à l'infime instant
09:07 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
03/07/2015
Les Rires du Vent
Pierres roulées
par l'eau du temps
scories de ma mémoire
tu traques sur ma peau
dans les sillons ronds de mes émois
le tannin bonifiant du regard
qui fuit
et estompe l'acuité de la révolte
lissant et tendant le cuir du sourire
tu ne finis pas de vieillir
de vieillesse
j'avais caché
le rire de ma mère
dans les sillons creux
de la peau
le temps est une empreinte minérale
une écriture perdue dans les sables d'Harar
un mirage de ta jeunesse
un pétroglyphe oublié à peine érodé
le sourire juvénile d'une femme
écorchée par les gestes viriles du vent
qui déplace les dunes et les pétrit
sans délicatesse
Le temps c'est cette photographie jaunie
qui ne quitte pas ta poche
comme pour te convaincre
que l'avenir est devant
mais tu sais que les yeux debout
tu ne vois jamais aussi loin
qu'au fond de toi-même
Je voudrais savoir gâcher ma vie
ne pas atteindre cette réussite
promise par d'autres
et à laquelle je n'aspire plus
ne pas renoncer à la vie
mais prétendre à la mienne
si incongrue et trouble
laisser moi penser
à contre-temps
Si la sagesse s'acquière avec le temps
la mienne n'a pas le rythme des saisons
elle s'est arrêtée un jour
de grande chaleur
à jour-poindre
dans le fracas
infini
de l'infime violence.
14:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
16/12/2014
Coeur à Corps
Une pluie de rêves oubliés
inonde les rivières de mon corps
Je sens ma seule certitude
dans la solitude bleue qui cerne
les falaises du coeur
la grisaille, ce matin, illumine
la terre d'un reflet de larme naissante
je m'émerveille de cette rencontre
à l'allure de sourire
échangé
partagé
dans la rue, sans raison
une complicité
consumée
telle un regard posé sur la terre
une connivence de toujours
ancrée dans l'âme minérale
de la pierre
une familiarité, une appartenance reconnue
une filiation
qui unit tous les exclus
et rature maladroitement les injustices
à creuser la terre où il n'y a pas d'arbres
j'ai trouvé les racines des hommes
je sens la puissance de cette force insoumise
cette volonté d'enfant
d'un royaume sans roi
où chacun
dans ce passage éphémère
en forme de paume levée, qu'est la vie,
a pu se dire un jour
« j'y étais »
et
laisser une trace anonyme
dont personne ne se souvient
mais que la terre garde
intacte
enfouie
dans sa respiration
qui souvent nous paralyse de stupeur
parfois de bonheur
donner un simple sens au refus d'oppression.
Convoquer chacun dans sa singularité ineffaçable
Etre sans Parlaître
Naître qu'à soi-même
Nu
dans un cri sans fin
épicé d'aube incertaine.
18:05 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
12/12/2014
5 h 57
5 h 57
Il avait mal dormi…
Un matin de pleine lumière
Après avoir avalé son 7ème café
comme pour conjurer ses 7 arrêts cardiaques
il se laissa prendre
par « la configuration du dernier rivage »
Plus que personne
il savait qu'il ne fallait pas plus
« que quelques secondes pour effacer un monde »
des rives de l'aphonie
d'où il tirait les principaux traits
de son caractère
Il avait tenté et tente encore
de faire de la vie son alliée…
Il se répétait ces mots
d'un auteur moderne
qu'il avait trouvé
sur l'étagère du WC
(L'espace entre les peaux
Quand il peut se réduire
Ouvre un monde aussi beau
Qu'un grand éclat de rire.)
Quel nouveau désir
pouvait-il donc attendre
encore
il avait fait un trait sur sa vie
par peur de le faire sur sa mort
il savait qu'il allait mal mourir
comme il avait mal vécu
il ratait toujours ses départs
et ne s'en consolait jamais
il en avait pris son parti
Chaque rencontre
rend compte
de ce désir de partage
qu'il savait illusoire
un aphorisme inutile
qui ne suffisait plus
à combler la brèche
qui le séparait du monde
qui le séparait surtout de lui-même
il était calme et heureux
le goût sucré de sa peau
l'envahissait
Il savait son absence
bien plus indispensable que sa présence
des herbes rouges
au fond des yeux.
07:26 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
12/07/2014
Today
Je n’échapperai pas
A la levée du jour
Et pourtant j’étais sans certitude
Celle des pierres qui se fendent
Même quand aucun bruissement n’annonce
La métaphore du changement
J’étais décidé à regarder le temps
Celui qui passe
Comme une caresse dans les herbes rouges
Le feu qui ronge les corps assoupis des bien pensants
Des penseurs et donneurs de leçons
Décidé à pardonner
L’affront des hommes
Cette symbiose avec la terre
Que connaissent les enfants
Dans une lutte à mort
Me perdre ou perdre
Les racines graciles qui me lient
A un semblant de sens à la vie
Ne rien posséder
Que la noirceur des nuits sans fin
Des nuits où l’oubli nous fait regretter
De nous croire civilisés
Rien n’appartient à personne
Nous sommes un éclair à peine visible
Dans une nuit sans lune
Une évidence que la terre nous rappelle sans cesse
Mais que notre crédulité mégalomaniaque
Nous fait oublier aussitôt dite…
Je m’épuisais à regarder le vent
Reconstruire un semblant de journée
Le lilas était jaune
Et enfin
Je me sentais mortel
Pour de vrai
discrètement
09:32 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
04/05/2014
Ma voisine
Comment relire
Les pages oubliées
De l’histoire
Les vestiges sans larme
Des épopées charnelles de l’enfance
Quelques fleurs jaunies entre les pages d’un livre
Je les retrouverai peut-être quand ma mémoire fera défaut
Comme cette petite femme que je croise plusieurs fois par jour
Elle se rend à l’arrêt de bus qui n’existe plus depuis si longtemps
Pour y attendre son fiancé…
Plusieurs fois par jour, par tous les temps, de très tôt à très tard
Elle retourne inlassablement les pages du même livre
S’y retrouve à la même page, à la même ligne
Là où son fiancé la rejoignait
Il y a des dizaines d’années
Elle se maquille sommairement, se prépare à la rencontre
Et repart dix fois, vingt fois par jour
A la rencontre de son amour qui la rend si vivante
J’entends souvent qu’elle serait mieux dans une maison spécialisée
Mais j’aime croiser cette femme aux rides qui se déplissent
A chaque aller et venue vers la gare routière
Elle porte sur elle une histoire inachevée
Un petit gilet sans couleur précise
Et une démarche d’adolescente rejoignant son chéri
Elle porte en souriant une douleur terrible
Celle d’une mémoire qui impose la jeunesse, sa jeunesse
Alors que René est mort à la dernière guerre.
J’ai parfois envie de pleurer
Tellement ses trajets sont dérisoires
Vers cet amour qui est toujours sur elle, posé comme un papillon
Elle me rappelle à chaque passage
D’inscrire dans ma mémoire
Que l’on peut sauter les pages d’un livre
Mais de le garder précieusement sous son bras
Comme le bras de celui
Que l’on a tant aimé.
20:03 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)
02/05/2014
Nost-algie
première année de médecine à Tours
Il y avait Vincent et toi Philippe
Vincent tu m'as appris à jouer de la guitare
Philippe nous refaisions le monde, chaque jour
C'était curieux cette complicité
nous étions si différents et si proches à la fois
Il y avait ces deux concertos de BACH
Nous aimions surtout le premier mais c'est le deuxième que j'ai choisi...
cette pochette bleue, je j'ai ouverte des centaines de fois
Je crois sincèrement que nous avons réussi grâce à cette musique
Non je vous mets le premier
ce serait injuste sinon
Et pourtant à l'époque j'étais un fan de King Crimson
des Beatles bien sûr et de Crosby, Stills Nash and Young
mais aussi de Bertin, Ferrat, Brel, Ferré et Brassens
et tant d'autres...nous ne rations aucun concert.
Bon c'est juste pour vous faire écouter
les papiers de ma mémoire
qui s'envolent au vent du Sud.
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