09/08/2015
Vignette Clinique
Tu t'es effondré en larmes
dans mon bureau de psychiatre
Tu essayais de me dire
combien ma visite dans ta chambre
et les mots que nous avions échangés
étaient importants et inutiles
tu avais deviné sur ma joue
au ras de ma paupière
l'infini fragilité de la peau
à retenir en échange , d'autres larmes
invisibles et d'autres mots
hurlants de silence
qui transperçaient et enrayaient ma gorge
Ils nous rendaient si tristes, humbles et déplacés
mais aussi tellement attentifs
tu m'as fait entendre dans ta folie
ce que mentaliser ton corps
jusqu'à en être captif
signifiait
que le savoir ne soigne pas
mais il en faut quand même
que l'intelligence ne soigne pas non plus
mais qu'il en faut aussi
que l'amour non plus n'y peut rien
mais qu'il en faut sans aucun doute
que la neutralité n'est qu'un concept
théorique (j'allais dire universitaire)
et qu'il n'en faut pas du tout
tu m'as appris pour la énième fois
de ma carrière
que seule la vraie rencontre soigne
mais je l'oublie à chaque fois
je l'oublie à chaque sourire
entre deux barrages, deux absences
à toi même, et du coup à moi aussi
Combien un regard peut être immense
et saturer le ciel
accepter ta folie
c'est ne pas en vouloir
ni pour toi
ni pour moi
c'est tracer la ligne
qui te conduit et me conduit à un autre espace
une autre écoute
où toi tu vas cesser d'être psychotique
et moi cesser d'être thérapeute
alors là peut-être
notre parole sera audible
aux rives d'un
entendement qui sera vrai
puisque nous l'aurons inventé.
puisque nous l'aurons inventé.
18:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
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