UA-57948785-1 1234 469157 G-QJK30HG2HR

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/03/2013

Une pincée de sel

1-DSC_0116.JPG

 

 

Le silence panse mes blessures

Et tes mots les cicatrisent

Ta voix est un violon

Qui répare les failles de mon cœur

Il est des frissons qui soignent

L’évidence de notre solitude

L’exil de nos souvenirs

La fragile audition du murmure

Ce mot sans mot

Qui en dit plus que tout discours

Cet avant-Don où l’on s’abandonne

Abandon secret de la vérité

Celle qui charge les épaules de l’homme

Sans jamais lui faire courber l’échine

Don de l’exil des mots

Brûlants notre conscience

Flammèche du Réel qui nous investit

Que j’aime ton sourire sucré

C’est un souffle volatile qui apaise les blessures

Un souffle d’ange échappé de l’archet qui saigne

Quelques notes improbables

Le regard invisible d’une mère

Une caresse inventée qui ne touche que les larmes asséchées du cœur

Une chair frémissante qui oublie sa fragilité

Le regard calme du vent qui se pose sur nous

avec une odeur de terre et d’eau

Le sacrifice de la terre à nous révéler l’indispensable beauté

Que d’incapacité de dénuement à nous ouvrir

A notre propre incomplétude

Je ne veux être qu’une poignée de graviers

Un vent de sable

Qui vous fera cligner des yeux

Un murmure qui ne vous dira rien que vous ne sachiez déjà

Une pause un instant une absence

où rien n’est plus pareil

le reflet pâle des mains d’un homme

les larmes de mon grand père

posées sur la terre où il est né…

le souffle de l’absence

19/03/2013

Le télégramme bleu

Photo riou 016 copier.jpg

(Photo JLG)

 

 

Aux rives de notre cécité

Rien ne se dit

Qui n’ait été déjà dit

Les mots cloués aux rides du soleil

Pleuvent les larmes

A déchirer l’oubli

Il reste quelques mensonges

Comme des brûlures sur la peau

Les pensées de l’ombre

Qui ne se prêtent pas à sourire

Envahissent  nos corps

Palpitations  répétées

Des empreintes indélébiles

De nos insomnies

Cauchemar du réel

La terre a la migraine

Mes rêves  de monde bleu

Sont en apnée

Et je fais des tas de  souvenirs

Comme on partage après  un holdup

Je ne sais plus qui sont les voyous

Les acouphènes du bonheur

Me sont devenus étrangers

Un rai de lumière

L’ombre d’une fissure

Mes seuls vrais compagnons

Ont désertés ce monde

Et pourtant je ne me résous pas

A espérer et à aimer

J’attends le télégramme bleu

Qui annonce le réveil





03/03/2013

Il...

P1130770.JPG

 

 

La marée dessèche

La couverture de mes yeux

Je n’y vois plus

Que le calme trompeur du silence

Un silence de mort naissante

De ceux qui apaisent le tumulte

Des angoisses répétées de l’enfance

J’ai accumulé  dans mes poches percées

Plus de galets que de souvenirs

Chacun a sa vérité, sa puissance, ses faiblesses

Ils se sont dispersés lors des grandes marées

Certains ont passé la barrière de corail

Pour se perdre sur la plage

Pour que ma main les saisisse les caresse

Avec la certitude de l’importance du geste

Avec la ferveur des lendemains sans lendemain

Qui nous parlent avec les vrais  mots du cœur

Chapelet de petites pierres

Qui ressemble à ma vie

Chapelet  de rêves ancrés dans le sable

Comme les mots de ma bouche à ton oreille

Ne rien dire d’essentiel

Que la vérité de nos rencontres

Dans le fracas de l’absence




16/12/2012

Le coeur de la terre

7092011 336a.jpg

(Photo JLG)

 

 

J’ai arraché le cœur de la terre

Les mains meurtries par ses veines blondes

Ses rondeurs dissimulées en larges sourires de chair

J’ai cru pouvoir me mesurer

A ces forces immobiles et accueillantes

Intemporelles et sacrées

Fracture de sable écorchée

J’ai écarté les paupières lisses et lourdes

Du regard de la terre

Pour y voir une image éphémère

De notre incomplétude

Le fond des océans reste résolument calme

Des odeurs de terre après l’orage

Envahissaient l’air que je respirais

Des odeurs de miel d’herbe lasse

Se mêlaient à celle des cahiers de mon enfance

Et du pain d’épice beurré

De goûters interminablement longs

Qui annonçaient la veillée

L’onglée me montait aux oreilles

Comme un mauvais rêve, un frisson maladif de l’hiver

Et nous révèle notre vulnérabilité

La pierre brillait entre mes doigts

Palpitante

Cœur ouvert aux lèvres des anges

02/12/2012

Histoire de...

close-72.jpg

(détail peinture Suret-Canale. Collection personnelle)

 

 

Il avait repris ses crayons de couleur

Il s’efforçait dans un élan ombré d’espoir

De circonscrire la tumeur incolore pénétrante

Dans une précision chirurgicale du trait

Comme lorsqu’il était enfant et qu’il ne fallait pas dépasser

Il parlait mal le français mais la musique de sa voix

Eclipsait l’incompréhension

Je compris que c’était pour sa fille

Mais le coloriage n’a pas de frontières

Et sa fierté à me montrer le dessin

Appliqué, pour lequel il avait passé la journée

M’a arraché des larmes scintillantes

De partage d’une émotion rare

Où quelque chose de familier m’avait été transmis

Un lien de filiation réinventé

Par des taches de crayons de couleur

Comme une peinture qui vous paralyse

Vous catatonise l’espace d’une fulgurance

Un mimétisme tellurique

un vrai moment sacré

un de ces instants magiques

où le vent et la terre nous sourient

où la parole est inutile.

01/11/2012

IL Y A DES JOURS...

15 Tryptique de fin(teinte).jpg

(Photo Jean-luc De laguarigue)

 

 

Il y a des jours, comme ça

Où la vie est rebelle

L’océan se resserre

Comme une poignée de main

Sur les cheveux d’une femme

la morsure de l’aube

Sur des lèvres à peine ouvertes

Plissées par la nuit, une voyelle inaudible

à fleur d'eau

Alors qu’il ne fait pas froid

Le gel de l’absence scarifie mon corps

Je suis un oublié de l’exil

Sans mémoire

Un chardon traversant l’hiver

Sans reconnaitre les siens

Un cliché surexposé jauni par le temps

Une ride

La même ride

Qui autrefois te faisait rire




08/10/2012

Des berges sans rives

la_loire_4copie.jpg

Éclaire ce que tu aimes

                                                     Sans toucher à son ombre 

             Christian Bobin




Je suis né un jour de crue

Sur les bords de la Loire

Un jour de lumière interdite

Éblouissante comme la mort

Un jour d’hiver

Plié dans les draps de l’été

Un jour de paumes ouvertes

Où le feu de la peau

Convoque

Le cœur du réel

 

02/10/2012

NI DIEU, NI MAÎTRE

DSCF0014.JPG

(Photo JLG)

 

 

Que les vergers, que les champs ont d’attraits !

Que la retraite au sage est nécessaire !

Dans mes jardins, sous mes tilleuls épais,

J’ai retrouvé la Nature et la Paix.

J’y foule aux pieds les erreurs du vulgaire ;

Et détrompé du faste des Palais,

Je sais enfin, sous mon toit solitaire,

Apprécier les faveurs de Palès.

     « LA DUNCIADE – Chant III »  Alexander POPE Ed 1781

 

 

J’ai des mots plein la bouche

Ecrasés par le silex du cœur

Hémorragie répétées des cris des hommes

La sieste obligatoire de mon enfance, ce pavé qui a ébranlé toutes mes croyances

Je construis ma peine

Comme un vieil acariâtre qui n’en finit pas de gémir

Je me raconte les histoires de mon grand-père comme s’il vivait encore dans mes mots ordinaires

L’homme est cruel

Qu’il se réclame de Dieu ou du Diable

Il n’en finit pas de se détruire lui-même

J’ai croisé l’église de Dieu par inadvertance, je n’en ai gardé que la paix et la certitude du doute persistant, la nécessité absolue de la solitude, la singularité étouffée

La clairvoyance intime que rien ne nous appartient

Que le pouvoir est un leurre pour égocentrique maladif

J’écrasais les fourmis au marteau, j’en ai culpabilisé longtemps

Je ne me reconnais plus en eux

En moi

Gamin turbulent et secret qui cherche un père

Je suis ce fil tendu par l’araignée

Entre deux branches mortes

Un miroir de faille fragile et précaire

Une toile qui voile les yeux des hommes

Éructation symbolique de notre incomplétude

La terre pleure quand les ruisseaux se gonflent du sang des hommes

De l’anévrysme inacceptable de la mégalomanie religieuse et humaine

Le sémaphore au bout de la lande était mon royaume

Silence tapageur vide de sens

Qui engloutit tout et chacun

J’aimais cette douceur de la Loire et ses pièges familiers

Fendre la mer et oser

Rayer les sables blonds au bord des tombants

Vertige insolite et passager

Où prêt à mourir je me sens vivre

Capter ces moments épileptiques

Qui façonnent le terreau du cœur

Ces fulgurances égocentriques

Où les blessures nous appartiennent

Engloutir la terre comme son pays d’origine

Ne rien avoir et tout posséder

Etre une larme posée en équilibre entre deux pierres

Trace indélébile de notre passage à la vie

Dans chaque bille échangée dans les cours de récréation

Une partie de notre histoire

Se transmet de l’un à l’autre

La  mémoire nous survit

Rien d’autre

Nous ne sommes que les rejetons du silence

04/08/2012

Le poète a toujours raison

6a00d8341c00c053ef0163062499c8970d-500wi.jpg

 

“écrire le jour, ses odeurs, ses lueurs, ses rumeurs. Ce qui s’approche, s’éloigne” et le lieu même de cet enjeu : le poème “comme une fenêtre. Un petit rectangle de mots qui donne sur ce qu’on ne sait pas”…  Jacques ANCET

 

Entends la chanson

De mon cœur

Elle ouvre des petits carrés de mots

Comme des fenêtres ouvertes

Des souvenirs de rues

L’absence toujours présente

De l’infime si peu infime

Accumulation de « si peu de choses »

Qui remplissent une vie

J’ai asséché le dictionnaire de mon corps

Pour te parler avec les éclats de roche

De mon cœur

Mon aphonie te raconte

La fragilité d’être au monde

Ces si longs silences de l’âme

Qui se dispersent

Comme autant de rêves

A réinventer, à s’approprier

Tu lis en moi l’illettrisme de mes sentiments

Mes déserts et mes tempêtes

Les seules choses insaisissables

Que je possède vraiment

Que je te donne



05/06/2012

Parole d'avant les mots

31298600_p.jpg

"Toute création vient de la scène, trouve sa traduction et ses origines mêmes dans une impulsion psychique secrète qui est la Parole d'avant les mots"

Antonin Artaud

 

 

 

Ma mémoire n’a plus de voix

Je cherche dans la pierre

 le premier cri le premier mot

l’articulation d’avant  les mots

au levant du refus de l’audible

je contemple l’écume de tes gestes

de la graine ensevelie

l’empreinte d’un regard

je bois à tes larmes

l’esquisse d’un sourire marin

je tâtonne dans le noir

à la recherche  d’un éclat incertain

une promesse d’humanité naissante

un cristal de vérité

le primitif appel

des matins sans lumière

d’une image dans les flaques

que la pluie disperse

je cherche les mots qui ne mentent pas

22/05/2012

Les larmes des Hommes

nouveau-dossier-0070-copie.jpg

(photo j)

 

 

Comme un parapluie retourné

J’entends le son du silence

Les paroles retroussées de la vérité

Les larmes séchées de l’espoir

Je n’y crois plus

Depuis longtemps mes yeux

S’accrochent à la terre

Un vieil air de blues

Et ça y est

L’émotion partage

Mes incertitudes

Je veux devenir vieux

Vieux de corps et d’esprit

Comme un cadeau anachronique

De notre civilisation

Les blessures profondes

Se lisent sur ma peau

Les fracas de mon cœur

Ternissent l’éclat de mon regard

Baleine de parapluie qui résiste à tous les vents

J’ai jeté la toile

Pour laisser passer la lumière.

11/05/2012

Lire

jécris tourbillon - 1 copier.jpg

(photo-texte JLG)

 

 

Un voile déchiré sur la plaine naissante

Un nœud de la voix qui efface les litiges

Une ombre indélébile du silence

Sur le passage des hommes

Je rassemble les grains de vie

Abeille laborieuse des sourires à inventer

Laboureur des émotions

Donner force à l’impensable

Qui réduit les vents de mer

Et couvre d’écume les cœurs les plus révoltés

Un souffle ensevelit la naissance du jour

Nous ne sommes qu’à nous-mêmes

Cette lueur ce reflet incandescent

D’une main tendue caressant

un cœur inondée de vagues palpitantes

ma vie entre vos mains

confiance intime du regard

que je noue, écharpe avec des mots lents

inaudibles et aimants

perce une fragilité essentielle

qui nourrit mon quotidien

mon voyage n’est que la répétition singulière

du bleu des mots insensés de courage

qui partagent les larmes obscurcissant le rivage

pulsion scopique qui me rassure

et invente mes lendemains

25/03/2012

J'étais la terre

Photo riou 016 copier.jpg

 

 

À cœur ouvert (3)

 

Le réel est injuste

J’avais besoin en ces temps de reconnaissance

« De ces belles personnes qui font du bien au monde »

Je pensais creuser la terre frénétiquement

Pour y trouver la paix

Effleurer ma peau du dessous

celle qui garde les blessures et les absout

celle originelle qui nous drape des amours infantiles

amours de violence et de vérité

la peau du toucher

la peau de la reconstruction

la peau du feu qui nous consume

et nous fait renaître à nous-mêmes

peau à peau je redécouvre la langue

mot à mot je réapprends la respiration

lente et ample des matins où l’on croque la vie

j’écorche la pierre tranchante du réel

sans savoir ce que j’attends

en sachant ce qui m’attend

j’ai refermé le grand livre

des souvenirs des amertumes des mémoires

comme on quitte un livre

impossible à écrire

 

J’étais la terre

Ce visage unique refermé

Sur le pas des hommes

08:36 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

11/03/2012

Suite...

pyo45hnh.jpg

 

à Cœur ouvert  (2)

 

La pluie traversait mes yeux

Je ne discernais plus l’ombre du silence

Je parlais sans un mot

De l’aube du sourire

D’une peau à ma peau collée

Aveuglé par mon émoi

J’apprenais à naître à l’autre

Dans l’épaisseur d’un miroir brisé

Funambule sur la tranche du désir

J’abordais la vie à cœur fermé

Dans un copeau de ciel bleu

Je m’irritais de ne pas dominer la terre

Les blessures sont faites pour se rouvrir

Printemps silencieux de nos faiblesses

Je criais à cœur perdu

à l’infamie de nos souffrances

quand même la terre ne vacille d’aucun émoi

Je retrouvais un ami d’enfance

légendes des âges où l’on donnerait son cœur

sans partage

sédiments des matins sans brume

des levers insouciants

où le monde nous appartient

vertige des vestiges de nos croyances

quand nous refaisions le monde

et que le monde nous épargnait

j’avais oublié la cruauté de nos fantasmes

la blessure des draps pliés sur la peau

au matin d’un réveil en sursaut

livide et vulnérable de n’être

que l’image blafarde de l’enfant

qui s’épuise en nous


je ne restais pas insensible au vent

qui décoiffait mes rêves

10:13 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

18/02/2012

à Coeur ouvert (1)

t-coeurcordeCOUL.jpg

 


 

 

 

 

J’ai ouvert le grand livre

 

De souvenirs drapés de silence

 

de chuchotements et de murmures

 


  image0010.jpg                              

 

 

 

 

 

   Le froid était inqualifiable

 

   ce 11 février 1954

 

 

 

Ce n’est pas sans angoisse

 

Que j’ai retrouvé le geste chirurgical

 

Écarter un à un les plans successifs de ma mémoire

 

Dépoussiéré ces moments superflus

 

Qui donnent consistance au présent de la vie

 

Les vagues de mon cœur sont intarissables

 

ce reflet du soleil qui masque l’essentiel

 

Disséqué les douleurs et les joies

 

Pour repeupler d’amour et d’herbe fraîche

 

L’érosion renouvelée des falaises de mon corps

 

Je suis traversé par les marées

 

D’où je puise ma terre

 

Ce cristal insolent et mystérieux

 

Qui façonne les berges de mes mots

 

J’ai mis les pommes de terre à cuire

 

L’odeur volatile de leur peau ranime tous mes chers disparus

 

Dans la simplicité des gestes échangés

 

Des regards parfois des paroles

 

Tous ces visages croisés rencontrés

 

Comme les perles chargées d’humanité

 

Enfilées au fil des ans

 

Comment ne pas succomber

 

A cette richesse entassée prélevée pillée

 

A votre histoire qui est aussi la mienne

 

Fertilité de vos écumes sédimentées

 

Je combats les bas-ciels

 

A cœur de fleur

 

                                

 

 

 

 

 

 

01/02/2012

Blanc...

voile-en-mousseline-de-soie-bi-color-degrade-turquoise a.jpg

 

 

Un voile de blancs
Provoque nos consciences
Epaisseur éphémère de nos doutes
Des blancs profonds aux blancs lumineux
Réveillent nos noirs insoumis immortels
Nous traçons avec un doigt d’enfant
Les stigmates de notre présence
Grain de sable dans le désert
Recueilli au coin de l’œil
Notre relative puissance à exister
Interroge le temps qui nous échappe
Horloge détraquée de nos certitudes
Je me perdais dans ces blancs
Dont la différence était autant tactile
Que visuelle
Un sein maternel introuvable
L’émotion pouvait s’y nicher
S’inventer en strates successives
Sédiments des origines de nos mensonges
Et de notre incomplétude
Matrice insolente de nos palpitations dérisoires
Les larmes induisaient l’espoir
Inspiraient un narcissisme à peine dissimulée
Le blanc avait gommé le blanc
Il respirait notre aphonie
Secs comme les pierres


Nous pouvions recommencer
A nous croire vivant

 

3bc6f570a.png



29/01/2012

Rien ne justifie la peur

1863076589_small_1.jpg

 

Mon grand-père m’avait arraché à ma mère
Comme on sauve un enfant de la noyade
Comme on arrache une dent avec un fil relié à la porte
Pour un petit fils de boulanger être un « bâtard » n’avait rien d’humiliant
L’idée de cette irréelle unicité ne semblait pas me déranger
Cette solitude fondatrice m’accompagne toujours
Et la lecture de mon acte de naissance reste une énigme
Une vacuité plutôt, l’absence graphique qui inaugure une parole
Ma parole
Tout semblait se jouer entre ces trois protagonistes
Sans accord, sans un mot, tacitement,  juste ce qui lie un père à sa fille engrossée précocement
Une alliance qui m’échappait et leur échappait aussi
Une banale histoire de vie de village que nous avons pourtant quitté très vite
J’ai toujours vénéré cet homme, parole vivante, qui m’a porté une admiration sans bornes
Chaque matin je pense à lui et il a beaucoup contribué à ce que je suis
A ce que je ne suis pas aussi 
Sa présence m’envahit encore aujourd’hui
Je sais pourtant, sans jamais en parler, que la femme qui m’a le plus aimé
Le plus choyé, étreinte des silences à porter, des blessures dont elle ne dira jamais rien
C’est ma grand-mère
Femme de l’ombre, discrète et soumise, moins éloquente
C’est toi qui enlevais mes chaussures quand je revenais le mercredi soir  de la piscine Blomet, juste capable de m’affaler sur mon lit pliant.
C’est toi la laborieuse du petit matin jusqu’au soir très tard qui t’occupais de moi
C’est toi qui m’as donné le nom de mon père pour le trouver puis le perdre
J’avais souvent honte d’être accompagné d’une « vieille femme » de 42 ans à l’école des Renaudes, dans le quartier où tu étais concierge,  rue de Chazelles, dans ce très bel immeuble qui a été si longtemps ma plus belle cour de récréation du monde, entre le parc Monceau et les grands magasins.
Tu es partie ce jour de… (Je ne sais même plus quand c’était) après ma dernière visite et un bon repas très déséquilibré où tu gardais toujours le meilleur pour moi. Tu m’as fait signe de partir quelques minutes, comme par pudeur, pour pouvoir mourir tranquille, rassasiée de ma venue.
Je te savais heureuse. Je savais que tu m’attendrais
Si, je m’en souviens maintenant c’était l’année de mon mariage
Je n’ai lu aucune angoisse sur ton visage lisse comme ta vie. Nous t’avons allongée près du grand père, une évidence. J’ai gardé tous les dessins de l’arrière-grand-père Besnard, ton père et c’est tout.
J’ai vécu des années sans peur…

18:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

15/01/2012

Il était une fois...

1736745286.jpg

J’avais appris la permanence des pierres
                     Comme les mots à la commissure de mes lèvres
Toujours un galet ou un cristal dans la poche
                     Quelque chose où je peux m’agripper quand la froidure du temps et des sentiments me rendent vulnérable
Et aux quatre coins de la maison
                     Des accumulations inutiles
Je fais des tas me dit-on
                     Des tas de tout
J’aime bien les tas, ça me rassure
Des petits tas comme on marque son territoire
                     L’aspirine dans le tiroir du buffet mélangée avec des piles électriques, quelques pièces de monnaie et d’anciens tickets de caisse
Des publicités qui s’entassent sur la table en sachant pertinemment qu’on ne les lira jamais
Les pierres aussi s’entassent
Je parle aux pierres
                      Aux cicatrices cristallisées de leur histoire
J’ai l’impression qu’elles me comprennent mieux que les hommes
Elles savent écouter inlassablement sans se fendre
De temps en temps seulement elles vous répondent
C’est très rare et quand ça arrive
C’est encore mieux que l’opéra de Verdi qu’interpréta Riccardo Muti à Rome en mars dernier et qui m’a fait pleurer de bonheur
Encore mieux que le point d’eau du Ténéré que nous cherchâmes des heures et des heures alors que la soif nous tenaillait
               C’est magique
Un instant de fulgurance intime avec l’aube des mots
               Une parole que rien n’efface
Une rencontre de l’insolite qui vous réconcilie avec le vrai discours des hommes
               C’est l’inaltérable
Fureur volatile de vie qui trace une conscience et nous rend un peu meilleur
               Humble exilé de la terre
Où le temps se fige
Accumulation incongrue de souvenirs qui bâtissent une tranche de vie unique et singulière
Deux regards complices
Deux mains qui se serrent
Deux sourires qui s’échangent

28/11/2011

Stances à l'insistance

http://dai.ly/sGgJGa   (Jean VASCA) - croisons nos ombres

10332821_p.jpg

 

Je serai la trace de l’effraction

Qui pousse en vous

Comme l’épaule du rêve

Bourgeon de l’essentiel

Possible existence insoumise

 Souvenir en exil

Qui fait monter les larmes

Je serai avec insistance

Cette mélopée envahissante

Qui encombre et remplit vos têtes

Mais remplit le désert de la rébellion

Je ne suis rien

Ce petit rien de tendresse

Qui épouse le sourire des hommes

Ce petit rien que je tiens de mon grand père

Et qui vit à travers moi

À travers vous

Qu’un silence nous transmet

Il vient des océans

Porté en fraude de port en port

De marée en marée

Je suis cette île

Partition d’une aile blessée

Qui chante à nos oreilles

La trace immuable de notre appartenance

Trace inaudible

Trace invisible

À qui ne sait pas écouter

Le murmure du silence des mots retrouvés

mémoire inaliénable

porteur d'amour

14:04 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (8)

25/09/2011

Vraie fausse citation

ben%202 copier.jpg

(Ben, le mangeur de disques)

 

"On reconnait le déclin d'une civilisation...

au prix du pain"

(petit fils d'un boulanger mort pauvre)