02/10/2012
NI DIEU, NI MAÎTRE
(Photo JLG)
Que les vergers, que les champs ont d’attraits !
Que la retraite au sage est nécessaire !
Dans mes jardins, sous mes tilleuls épais,
J’ai retrouvé la Nature et la Paix.
J’y foule aux pieds les erreurs du vulgaire ;
Et détrompé du faste des Palais,
Je sais enfin, sous mon toit solitaire,
Apprécier les faveurs de Palès.
« LA DUNCIADE – Chant III » Alexander POPE Ed 1781
J’ai des mots plein la bouche
Ecrasés par le silex du cœur
Hémorragie répétées des cris des hommes
La sieste obligatoire de mon enfance, ce pavé qui a ébranlé toutes mes croyances
Je construis ma peine
Comme un vieil acariâtre qui n’en finit pas de gémir
Je me raconte les histoires de mon grand-père comme s’il vivait encore dans mes mots ordinaires
L’homme est cruel
Qu’il se réclame de Dieu ou du Diable
Il n’en finit pas de se détruire lui-même
J’ai croisé l’église de Dieu par inadvertance, je n’en ai gardé que la paix et la certitude du doute persistant, la nécessité absolue de la solitude, la singularité étouffée
La clairvoyance intime que rien ne nous appartient
Que le pouvoir est un leurre pour égocentrique maladif
J’écrasais les fourmis au marteau, j’en ai culpabilisé longtemps
Je ne me reconnais plus en eux
En moi
Gamin turbulent et secret qui cherche un père
Je suis ce fil tendu par l’araignée
Entre deux branches mortes
Un miroir de faille fragile et précaire
Une toile qui voile les yeux des hommes
Éructation symbolique de notre incomplétude
La terre pleure quand les ruisseaux se gonflent du sang des hommes
De l’anévrysme inacceptable de la mégalomanie religieuse et humaine
Le sémaphore au bout de la lande était mon royaume
Silence tapageur vide de sens
Qui engloutit tout et chacun
J’aimais cette douceur de la Loire et ses pièges familiers
Fendre la mer et oser
Rayer les sables blonds au bord des tombants
Vertige insolite et passager
Où prêt à mourir je me sens vivre
Capter ces moments épileptiques
Qui façonnent le terreau du cœur
Ces fulgurances égocentriques
Où les blessures nous appartiennent
Engloutir la terre comme son pays d’origine
Ne rien avoir et tout posséder
Etre une larme posée en équilibre entre deux pierres
Trace indélébile de notre passage à la vie
Dans chaque bille échangée dans les cours de récréation
Une partie de notre histoire
Se transmet de l’un à l’autre
La mémoire nous survit
Rien d’autre
Nous ne sommes que les rejetons du silence
11:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
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