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15/01/2012

Il était une fois...

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J’avais appris la permanence des pierres
                     Comme les mots à la commissure de mes lèvres
Toujours un galet ou un cristal dans la poche
                     Quelque chose où je peux m’agripper quand la froidure du temps et des sentiments me rendent vulnérable
Et aux quatre coins de la maison
                     Des accumulations inutiles
Je fais des tas me dit-on
                     Des tas de tout
J’aime bien les tas, ça me rassure
Des petits tas comme on marque son territoire
                     L’aspirine dans le tiroir du buffet mélangée avec des piles électriques, quelques pièces de monnaie et d’anciens tickets de caisse
Des publicités qui s’entassent sur la table en sachant pertinemment qu’on ne les lira jamais
Les pierres aussi s’entassent
Je parle aux pierres
                      Aux cicatrices cristallisées de leur histoire
J’ai l’impression qu’elles me comprennent mieux que les hommes
Elles savent écouter inlassablement sans se fendre
De temps en temps seulement elles vous répondent
C’est très rare et quand ça arrive
C’est encore mieux que l’opéra de Verdi qu’interpréta Riccardo Muti à Rome en mars dernier et qui m’a fait pleurer de bonheur
Encore mieux que le point d’eau du Ténéré que nous cherchâmes des heures et des heures alors que la soif nous tenaillait
               C’est magique
Un instant de fulgurance intime avec l’aube des mots
               Une parole que rien n’efface
Une rencontre de l’insolite qui vous réconcilie avec le vrai discours des hommes
               C’est l’inaltérable
Fureur volatile de vie qui trace une conscience et nous rend un peu meilleur
               Humble exilé de la terre
Où le temps se fige
Accumulation incongrue de souvenirs qui bâtissent une tranche de vie unique et singulière
Deux regards complices
Deux mains qui se serrent
Deux sourires qui s’échangent

Commentaires

j'aime ce texte, ce "je" qui renvoie à l'autre, et qui fait des "tas de tout" on s'y retrouve on imagine une mémoire commune qui remonte à loin, quand l'homme a commencé à faire des tas... de sel, de pierres, de papier, bref un beau sujet qui pourrait être décliné... et qui nous parle de quelque chose de perdu qu'on retrouve là dans le tas.
Plaisir ce matin de cette lecture et grande pensée vers toi pour une belle journée (si possible).

Écrit par : if6 | 16/01/2012

C'est tout à fait de ce "Sujet" perdu dont il est question
ce primitif qui nous habite, qui vit en nous, qui est souvent plus authentique
que cet autre que nous mimons, histoire d'être conforme, histoire peut-être d'échapper à ce que nous sommes vraiment...
Douce et belle journée à toi aussi
JLG

Écrit par : JLG | 16/01/2012

"Je parle aux pierres
Aux cicatrices cristallisées de leur histoire"
Quel beau texte JLG ! Fragile et puissant comme la vie qui se dépouille et s'affermit. Un "tas" de ressentis posés, bribes offertes, qui touche aussi à une "mémoire commune" comme le dit si justement if6. Grand plaisir de lire et d'écouter, à travers tes mots justes, la réponse des pierres !

Écrit par : Ile E. | 17/01/2012

Merci Ile pour cette "mémoire commune" qui appartient à tous.
Fragile et puissant comme la vie mais aussi comme chacun de nous.
Je sais ta compréhension et ta sensibilité de ces choses entassées çà et là...ces traces de vie qui s'affirment ou se délitent, cette marée d'émotions.
Merci pour tes mots Ile et ton écoute
JLG

Écrit par : JLG | 17/01/2012

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