26/05/2006
Grand père
Je rêve encore de ce voyage
Que tu m’avais promis
Où rien ne bouge
Où se fige l’acidité de nos regards croisés
Où l’arborescente fougère imprime
Sérénité et fraîcheur du temps
A toute chose
A fleur de mots
Tes peaux me sont chairs
Des remontées du Mississipi
Aux escales en pays Cajun ou Caraïbe
Ce périple ne s’imagine
Qu’au sang de nos pieds meurtris
Ce voyage se mérite dans le rite
Disais-tu…
Dans cette imprégnation de l’immobile
Du sacré virgule du nécessaire point
Cette insistance qui coulait dans tes nageoires
Cette gorgée laborieuse d’humanité transpirante et volatile
Que tu ne dédaignais pas
Où nous croisions les tentations du possible
Quel rivage glisse et érode nos corps
Sensible comme la perception du territoire
La terre n’appartient qu’aux grimaces de la nuit
Les paumes de nos mains ouvertes
Tu inquiètes les hommes
Jamais nous ne nous poserons la question de
L’ailleurs
Jamais je ne ferai ce voyage
Et je l’ai pourtant si souvent fait
Avec toi
Accoudé au bastingage les yeux dissous dans la mer
Grand père
21:35 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
L'émotion virile des rêves partagés, quand les générations se tendent les bras pour former une arche sous laquelle le temps et le monde peuvent s'écouler en faisant une révérence...
C'est un texte très émouvant, avec ce frémissement que l'on ne trouve qu'à la crête des vagues, quand le vent vient de la terre et qu'il pousse au grand large...
Écrit par : Franck | 29/05/2006
L'émotion virile des rêves partagés, quand les générations se tendent les bras pour former une arche sous laquelle le temps et le monde peuvent s'écouler en faisant une révérence...
C'est un texte très émouvant, avec ce frémissement que l'on ne trouve qu'à la crête des vagues, quand le vent vient de la terre et qu'il pousse au grand large...
Écrit par : Franck | 29/05/2006
"La terre n’appartient qu’aux grimaces de la nuit." Quelle jolie perle que celle-ci.
Evidemment, et toujours avec toi, le coeur à fleur de mots... effleure cette peau, timide, rongée, imprégnée, qui fait l'émotion.
Écrit par : S. | 29/05/2006
Oui certains voyages ne se feront jamais, mais les rever, c'est dejà les faire, les avoir fait...
Tendresse...
Écrit par : Jeanne | 30/05/2006
ton site est vraiment exceptionnel
je vais venir plus souvent
amitiés Marco
Écrit par : frenchpeterpan | 31/05/2006
ça y est
mis dans mes liens :-)
à +
Écrit par : frenchpeterpan | 31/05/2006
Des mots très forts tout en "souvenances" ...quand bien même tu n'aies pas fait ce voyage, il fait partie de toi pour l'avoir presque vécu au plus profond de tes fibres comme l'amour qui s'y est logé dans l'attente car les mots de ton grand-père ont dépassé la réalité pour s'inscrire dans l'émotion du présent...
Tes mots ont toujours une tendresse infinie et me bouleversent...
Je t'embrasse
JADE
Écrit par : JADE | 01/06/2006
c'est magnifique on croit le faire ce voyage, qu'est ce que tu écris bien, c'est sincère, "jamais nous ne nous poserons la question de l'ailleurs" cette phrase me parle particulièrement , cela a t-il a voir avec l'exil?
Écrit par : if6 | 01/06/2006
Splendide, tout ce que l'on aurait voulu faire et que nous ne ferons jamais....le souvenir d'un grand père qui marque vos vies....Il y a des hommes qui te donnent envie nos grands pères étaient ces hommes là.
Merci pour eux.
Écrit par : Sophie | 04/06/2006
des plis du clair-obscur à l'étang parfait de la nuit et
aux mouvements naturels des respirations
amarrer doucement le hasard imaginaire des mains
ne pas déposer les phrases, les laisser en suspend
comme s'il fallait comprendre de l'oeil et des doigts
la solitude du verbe
et parfois, parfois dans un grand éclair de chaleur
percevoir la tendresse des lettres dessinées...
surtout, dire à nos ombres de se tenir immobiles.
Ozalik
Écrit par : Ozalik | 07/06/2006
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