20/12/2014
à la vie à la mort
Seule
comme une mer sans ressac
un arbre couché attendant la repousse
tu vaques chaque nuit
à la recherche
de l'ombre qui t'habite par effraction
que tu as oubliée
où tu t'es égarée
dans les rencontres
avec tous ceux
que tu savais si bien écouter et rassurer.
Seule
tu avales les heures de la nuit
comme une boulimique de silence
qui ne s'en remet pas
de ne pas être entendue
de ne plus s'entendre.
frigorifiée
par ces nuits et ces jours
sans lune
enroulée dans ta couverture
tu ne te reconnais plus
tu as oublié
les odeurs de pain grillé
le matin, au réveil quand le soleil
strie ton corps de lumière
tu as oublié
combien j'admire ta force
donnée en pâture aux métastases
de la tristesse qui la délitent
dans un lent mouvement inattaquable
tu restes droite
le regard un peu perdu
ne comprenant pas ce qui t'arrive
et pourquoi, toi,
qui a toujours été si juste
simple et attachante
comme un sourire d'enfant
Seule,
je suis seul aussi avec toi
à ne savoir que dire
à ne pas appréhender cette crevasse profonde
qui me gagne aussi, se prolonge en moi,
à oser la prière
qui ne s'adresse à aucun dieu
qui s'adresse à notre monde autiste
Cette tristesse c'est la mienne
je la vis
je l'entends
je la sens palpiter
dans ce fracas où personne
n'est attentif à l'autre
tout juste à se mettre en valeur
exister, être reconnu
et soigner ses gerçures narcissiques
Je me sens handicapé
à ne pouvoir te soutenir
à croiser mon regard avec le tien
pour te donner un amour
que tu ne reconnais plus...
Je pourrais être las
mais je sens toujours
sous ce grimage de fortune
la femme que tu es
cette herbe douce
indocile aux vents tourbillonnants
et qui va forcément se reconstruire
discrètement
enfouir ses racines dans un sol gelé
et seule
à l'écart de tous
comme une femme debout
puiser cette sève de vie
qui fait manque
césure, béance,
appel à vivre
vivre
tout simplement
17:43 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Ton texte est bouleversant Jean-Luc, j'en entends la vibration, la force de sa fragilité.
"Enfouir ses racines dans un sol gelé", puissance de vie magnifique.
Une pensée douce de Noël, pour toi.
Écrit par : Ile E. | 22/12/2014
Merci de cette présence Ile, toujours au moment opportun... à point nommé ou innommable
Toujours quand la fragilité oscille entre force et désarroi, toujours quand entendre ta voix devient nécessaire. A toi aussi de douces et tendres pensées.
Jean-luc
Écrit par : JL GASTECELLE | 23/12/2014
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