16/12/2012
Le coeur de la terre
(Photo JLG)
J’ai arraché le cœur de la terre
Les mains meurtries par ses veines blondes
Ses rondeurs dissimulées en larges sourires de chair
J’ai cru pouvoir me mesurer
A ces forces immobiles et accueillantes
Intemporelles et sacrées
Fracture de sable écorchée
J’ai écarté les paupières lisses et lourdes
Du regard de la terre
Pour y voir une image éphémère
De notre incomplétude
Le fond des océans reste résolument calme
Des odeurs de terre après l’orage
Envahissaient l’air que je respirais
Des odeurs de miel d’herbe lasse
Se mêlaient à celle des cahiers de mon enfance
Et du pain d’épice beurré
De goûters interminablement longs
Qui annonçaient la veillée
L’onglée me montait aux oreilles
Comme un mauvais rêve, un frisson maladif de l’hiver
Et nous révèle notre vulnérabilité
La pierre brillait entre mes doigts
Palpitante
Cœur ouvert aux lèvres des anges
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02/12/2012
Histoire de...
(détail peinture Suret-Canale. Collection personnelle)
Il avait repris ses crayons de couleur
Il s’efforçait dans un élan ombré d’espoir
De circonscrire la tumeur incolore pénétrante
Dans une précision chirurgicale du trait
Comme lorsqu’il était enfant et qu’il ne fallait pas dépasser
Il parlait mal le français mais la musique de sa voix
Eclipsait l’incompréhension
Je compris que c’était pour sa fille
Mais le coloriage n’a pas de frontières
Et sa fierté à me montrer le dessin
Appliqué, pour lequel il avait passé la journée
M’a arraché des larmes scintillantes
De partage d’une émotion rare
Où quelque chose de familier m’avait été transmis
Un lien de filiation réinventé
Par des taches de crayons de couleur
Comme une peinture qui vous paralyse
Vous catatonise l’espace d’une fulgurance
Un mimétisme tellurique
un vrai moment sacré
un de ces instants magiques
où le vent et la terre nous sourient
où la parole est inutile.
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