14/06/2018
L'Aube est Lisse
L'aube est lisse sur le flanc de l'océan
Le soleil plante ses ongles délicats
J'ai oublié l'écriture illisible de mes nuits transparentes
(sans insomnie-sans sommeil)
la caresse dévoilée des sommeils sans lumière
j'ai le bonheur de tes mots donnés sédimentés dans les rides de ma mémoire
j'ai, sans incertitude, les larmes sucrées et longues
de la rondeur des femmes
de l'arrogance des hommes
j'ai ta bonté que tu as déposé comme un buvard sur des vers de Prévert
la vibrante présence du frisson tiède
de tes cheveux entre mes doigts
ces odeurs tropicales, ces odeurs de bagne aussi
que tu m'a légués comme un alizé interminable échoué sur ma peau
un mouvement de poignet lent et affectueux
une tape sur l'épaule
un regard pénétrant
Je ne me lasse pas de regarder la nuit
le monde comme un reflet inexact de l'égoïsme
je ne me lasse pas de regarder la mer
là où j'ai perdu tout espoir de caresse
Oppressé, serré par les eaux nourricières
matrice inféconde de mes nuits
je te regarde avec apaisement
que le monde est joli
sans tout ce fracas
cette beauté verte et bleu
bleu et verte
qui fait qu'on pose un doigt sur un autre dans un mouvement elliptique
presque méditatif
Comme quand on mange des cerises qu'on sait véreuses en fermant les yeux
Comme pour oublier effacer
il ne suffit pas de fermer les yeux
tu le sais
je le sais
et pourtant je le fais
Ne pas fermer les yeux
signerait déjà la fin de notre passage
la clairvoyance d'un été sans soleil
d'une rose sans épines
Les liserons ont envahi ma cabane de jeux
cette survivance
n'est pas côté en bourse et n'est pas productive
mais elle a dans mes yeux qui se plissent
la saveur désuète
du temps de ma jeunesse
nous faisons tout vieillir trop vite, trop trop vite
trop entassées de choses inutiles mais aussi indispensables
trop cru à la valeur humaine
humanisme quelle tromperie…surtout ne pas sombrer dans ce discours pessimiste inévitable, salutaire mais destructeur
au fond de moi, l’autre est un con que j’ai toujours respecté, pétri d’injustice, j’ai cru longtemps en lui….encore maintenant sûrement malgré sa petitesse…son insignifiante signifiance
Même les enfants à l'école le savent déjà
la cour de récréation
c'est la cour des embûches
Heureusement
il y a la pluie sur nous
qui tombe en bourrasque
et nous fait mesurer
la grandeur de l'arrogance
L’insignifiance de l'homme
Rature en bas de page
qui laisse trace volatile
pas même écrite.
16:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
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