10/12/2017
Vivre
(Photo JLG)
Commencer un livre...
(ce qui n'est pas le lire)
commencer un livre donc
c'est comme s'asseoir un 17 septembre 1959
sur la plage de Dieppe
et écouter rouler les galets
trembler le ressac des entre chocs minéraux
contre son coeur
et aimer la Normandie
faute d'aimer l'amant de sa mère.
commencer un livre...
c'est comme s'asseoir au 7éme étage d'un immeuble
côté cour
au 32 rue de Chazelle 17 éme arrondissement
à se demander la suite
douce ou obscure
à donner à sa chute probable…
et détester les « riches »
les odeurs d'encaustique envoûtent
les enfants tristes de concierge
Peut-on terminer un livre
pas à l'écrire
pas à le lire
mais le terminer vraiment
comme on termine
une tranche de vie
une tranche de pain rassit
une tartine de vie.
Jamais pu aller jusqu'au bout
toujours effrayé
par ce volume de mots
ce frémissement inconditionnel de savoir, à voir
et pourtant je les aime, ces livres.
la poésie m'a aimée
m'a aguiché, séduit
amante volage qui convenait bien
au peu d'envie de lire
qui caressait mon esprit
le théâtre a été aussi longtemps en compétition
pour les mêmes raisons
j'arrivais parfois à refermer le livre
et à croire ainsi
avoir vaincu l'auteur
je suis allé jusqu'au bout
et puis la poésie on la prend par tous les bouts
on la picore
on la dévore
on la regarde
on la touche
on l'embrasse
en pointillé on se l'accapare
elle fait de même
au bout du compte
elle ne s'est pas laissée lire sans résister
A-t-elle imaginé
une fin suicidaire
ou simplement
la griffure du petit matin
qui tarde à venir
ou
vivre autrement
12:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)